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Critiques Films

2011

Red Riding Hood [Le chaperon rouge]

Melancholia

Rise of the Planet of the Apes [La planète des singes: les origines]

Jodaeiye Nader az Simin [Une séparation]

X-Men: First Class [X-Men: Le commencement]

The Tree of Life

Source Code

The Eagle [L'aigle de la neuvième légion]

Thor

Battle: Los Angeles

Sucker Punch

The Rite [Le rite]

2010

Bu-dang-geo-rae [The Unjust]

Due Date [Date limite]

Centurion

Tucker & Dale vs. Evil

Casino Jack

Animal Kingdom

Waste Land

Incendies

Rare Exports

The Fighter

True Grit

127 hours [127 heures]

Repo Men

The Sorcerer's Apprentice [L'apprenti sorcier]

Black Swan

Resident Evil: Afterlife 3D

The King's Speech [Le discours d'un roi]

Tekken

Another Year

The Town

Akmareul boatda [I saw the Devil]

Scott Pilgrim vs. The World

Kick-Ass

Iron Man 2

The Expendables

Four Lions

Machete

RED
The Other Guys [Very Bad Cops]

2009

Agora

Fantastic Mr. Fox

Sweet Karma

Savage

Amintiri din epoca de aur [Contes de l'âge d'or]

State of Play [Jeux de pouvoir]

Harry Brown

The Last Station [Tolstoï, le dernier automne]

Cold Souls [Âmes en stock]

Goemon

The Men Who Stared at Goats [Les Chèvres du Pentagone]

Enter the Void

Bakjwi [Thirst, Ceci est mon sang]

The Road [La Route]

The House of the Devil

2008

Bitten

Zombie Strippers!

Li Mi de caixiang [The Equation of Love and Death]

Max Manus [Opération sabotage]

Kataude mashin gâru [The Machine Girl]

Die Welle [La vague]

Gomorrah

2007

Se, jie [Lust, Caution]

Sex and Death 101

Battle for Haditha

Ryû ga gotoku: gekijô-ban [Yakuza: Like a Dragon]

Ji jie hao [Héros de guerre/ Assembly]

Before the Devil Knows You're Dead [7h58 ce samedi-là]

Kuro-obi [Black Belt]

Katyn

Crows Zero

30 Days of Night

Zodiac

Irina Palm
Sunshine
Le Prix à Payer
Anna M.
300
2006

Omaret yacobean [L'immeuble Yacoubian]

The Fountain

Rescue Dawn

46-okunen no koi [4.6 Billion Year Love/ Big Bang Love Juvenile A]
Jesus Camp
Letters from Iwo Jima
Ne le dis à personne
The Departed [Les infiltrés]

Little Miss Sunshine
The Good German
Apocalypto  
La Vie des Autres
The Last King of Scotland
Thank you for smoking
2005

Danny the Dog / Unleashed

Chinjeolhan geumjassi [Lady Vengeance]

Down the Valley
2004

Rabudo gan [Loved Gun]

Layer Cake

Git [Feathers in the Wind]

Chi to hone [Blood and bones]

Samaria [Samaritan Girl]

D'autres mondes

Baramui Fighter [Fighter in the Wind]

Kung Fu [Crazy Kung Fu]
Dawn of the Dead [L'Armée des Morts]

Napoleon Dynamite
2003

9 Souls

Salinui chueok [Memories of Murder]

Haute tension

Akarui Mirai [Jellyfish/ Bright Future]

2002

Dirty Pretty Things

Boksuneun naui geot [Sympathy for Mr. Vengeance]

Tasogare Seibei [Le Samouraï du crépuscule] 
Punch-Drunk Love
2001

Jopog manura [Ma femme est un gangster]

Das Experiment [L'expérience]

Aoi haru [Blue spring]

Training Day

2000

Gongdong gyeongbi guyeok JSA [Joint Security Area]

Hyôryû-gai [La cité des âmes perdues]
La Parenthèse Enchantée
1999

Le créateur

Am zin [Running Out of Time]

Titus
Summer of Sam

1997

Unagi [L'anguille]
1996

Gokudô sengokushi: Fudô [Graine de Yakuza]

1995

Welcome to the Dollhouse [Bienvenue à l'Age Ingrat] 

1990

A Fei jingjyuhn [Nos années sauvages/ Days of Being Wild]

1989  
NL's Xmas vacations
1988

The Cowboy and the Frenchman [Les Français vus par David Lynch]

Ghosts... of the Civil Dead

1981

Stripes [Les bleus]

1980  
Caddyshack
1979

Hardcore

Kukushû suru wa ware ni ari [La Vengeance m'appartient]

1978

The Boys from Brazil [Ces garçons qui venaient du Brésil]

1977

Une sale histoire

1975

Zerkalo [Le miroir]

Love and Death [Guerre et amour]

Maîtresse

1972

Vampire Circus [Le cirque des vampires]

1970

La pacifista

Catch-22

1969

Yuke yuke nidome no shojo [Go, Go Second Time Virgin / Vierge violée cherche étudiant révolté]

Les Damnés

1968

If...

1967

Two for the Road [Voyage à deux]

1966

Hakuchû no tôrima [L'obsédé en plein jour/ Violence at High Noon]

Taiji ga mitsuryô suru toki [Quand l'embryon part braconner]

1965

Repulsion

1964

Fail Safe [Point Limite]

1962

Le doulos

1960

Junfrukällan [La source/ The Virgin Spring]

1959

The Mouse that Roared [La Souris qui rugissait]

1958

Touch of Evil [La soif du mal]

1957

Celui qui doit mourir

1956

Bob le flambeur

1955

Shin heike monogatari [Le héros sacrilège/ Tales of the Taira Clan]

1950

Los olvidados [Pitié pour eux]

1926

The Scarlet Letter [La lettre écarlate]


Télévision

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The Borgias 1

Caprica

Wire in the Blood 1-3 [La fureur dans le sang]

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Mad Men 1

Extras 1 & 2

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How to Make It in America 1

The Walking Dead 1
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21 juin 2011 2 21 /06 /juin /2011 17:09

LustCaution.jpgBref mais intense retour au pays pour Ang Lee avec Se, jie [Lust, Caution] - qu'on pourrait traduire en français par "Désir, prudence". Histoire d'espionnage placée au beau milieu de la Chine des années 30/ 40, ses promoteurs ont d'abord mis en avant ses scènes sexuelles très explicites qui lui ont d'ailleurs valu le classement NC-17 aux USA. Mais comme le thème de l'homosexualité pour le précédent film d'Ang Lee (Brokeback Mountain), le film ne se résume pas à ces dix minutes de galipettes (même si l'on avance le chiffre de 100 heures de tournages nécessaires pour ces quelques passages) Non, Se, jie raconte brillamment d'abord le parcours d'une bande de jeunes justes, étudiants idéalistes qui plongent dans une guerre qu'ils croient simple, propre, pour sombrer corps et âme dans la confrontation avec un homme de pouvoir trouble et sans pitié, mais toujours homme. L'amour, calque sublimé de leurs émotions, suit aussi cette épopée pour participer à ce magnifique naufrage. Une oeuvre noire sur l'ambigu et les illusions perdues qui marque une belle étape de plus pour Ang Lee.

Chine, fin des années 40. Alors que les troupes japonaises envahissent peu à peu le pays, certains collaborent avec l'envahisseur, d'autres résistent contre l'occupation.

Wong Chia Chi (Wei Tang), jeune étudiante, entraînée par le pur et séduisant Kuang Yu Min (Leehom Wang), est elle définitivement du côté des derniers, tout comme leur troupe de théâtre.

Avec leurs camarades, ils décident après un spectacle de soutien aux troupes chinoises de passer à l'action et de supprimer Mr. Yee (Tony Leung, toujours aussi excellent), l'un des principaux agents de Wang Jingwei, dirigeant alors le gouvermenent fantoche collaborant avec les japonais.

Lust3.jpg

La troupe se rend donc, sans autre moyen que les leurs à Hong-Kong, où Mr. Yee est retranché dans une villa fortement défendue, et entreprennent de pénétrer ses défenses.

Wong Chia Chi seule semble en mesure de le faire et tente de le séduire sous l'identité de Mrs. Mak, femme de négociant.

Vierge mais confrontée à la possibilité de devoir coucher avec Yee, elle se voit forcée d'acquérir de l'expérience avec l'un de ses camarades, Liang Junsheng (Lawrence Ko), malgré l'attirance réciproque qu'elle ressent pour Kuang Yu Min. Un premier sacrifice pour la cause, une première désillusion pour les idéaux romantiques de tous qui en augure d'autres plus sombres, plus terribles...

La descente aux enfers de Wong Chia Chi est donc le fil suivi par Ang Lee pour décrire cet apprentissage de la vie de la bande de jeunes. Wei Tang, qui incarne avec talent le personnage, joue parfaitement l'adolescente naïve qui passe de sacrifice en renoncement, espionne, actrice, amante, femme fatale à la poursuite d'un objectif dont elle n'est finalement plus certaine qu'il en vaille la peine.

Lust2.jpg

Face à elle, Tony Leung (Hero, Internal Affairs, In the Mood for Love, Une Balle dans la Tête...il aura décidément tourné avec tous les plus grands), l'un des meilleurs acteurs chinois de sa génération, campe parfaitement un personnage cynique et froid qui s'ouvre imperceptiblement, malgré lui, à une passion frénétique. Le jeu, tout en retenue et en équilibre est bien maîtrisé jusque dans les fameuses scènes chaudes, qui rajoutent incontestablement une vraie dimension au film, rendant palpable la fusion progressive et inexorable entre Wong Chia Chi et Mr. Yee.

Fort heureusement, les quelques 2h15 de film restantes regorgent également de scènes marquantes ciselées où chaque acteur à la chance de pouvoir fournir une véritable consistance à son personnage.

Lust1.jpg

Scène de jeu de Mah-Jong avec dialogues à double signification, visite du quartier japonais de Shangaï, explication des états d'âme de Wong Chia Chi vis à vis du responsable de sa cellule... même si Ang Lee fait parfois un peu traîner l'action dramatique au profit de la description des lieux, la finesse du réalisateur fait merveille.

Rien n'est gratuit, que ce soit dans les décors, les personnages - de la star au figurant -, les mimiques, les dialogues.

Le spectateur, transporté dans le Hong-Kong et le Shangaï de la seconde guerre mondiale, est bien avec cette équipe de jeunes activistes en herbe en route pour leur destin. Il partagera avec eux le rêve comme l'amertume, jusqu'au bout.

Merci Ang Lee!

 

Note: 15,5/20

 

 

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19 juin 2011 7 19 /06 /juin /2011 17:24

Tucker-Dale.jpgPas facile de faire du neuf dans le "slasher", ce type de film d'horreur où une petite troupe d'adolescents est décimée par un mystérieux tueur sanguinaire. Depuis Dark Christmas (1974), beaucoup de coins, de recoins, d'allées et de contre-allées avaient été explorés, et faute de véritable nouveauté (Blairwitch Project en était une des dernières - 12 ans déjà), les réalisateurs n'hésitaient plus depuis belle lurette à verser dans le pastiche de qualité variable (ainsi la série des Scream) Beaucoup des afficionados du genre en sont donc maintenant réduits avec force moyens à tourner des remakes des classiques - Texas Chainsaw Massacre par exemple, mais beaucoup d'autres sont encore dans les tuyaux - éventuellement gonflés (pitoyable remise à neuf) au 3D. Simple mais efficace, Tucker & Dale vs. Evil, premier long métrage d'Eli Craig, réussit, lui, sur une idée qui sera reprise et développée tout le long du film, et en collant à la formule magique du slasher, à distraire et à faire du neuf avec ce (pas si) vieux. L'idée en question? Une inversion des rôles basée sur les constructions mentales récurrentes au genre. En (plus) clair, les méchants ne sont pas ceux qu'on croît.

Tucker (Alan Tudyk) et Dale (Tyler Labine) sont ce qu'on appelle deux crèmes. Pas finauds mais fort sympathiques, ces deux copains cul-terreux (hillbillies en américain) ont acheté une cabane pourrie pour leurs vacances.

Hélas hélas, leur chemin croise celui d'une petite troupe de teenagers en goguette qui les identifie immédiatement comme des serial killers à la recherche de chair fraîche.

Tucker1.jpg

La rencontre dégénère rapidement, les uns prennant les devant pour se protéger de ceux qu'ils ont identifié comme de redoutables tueurs, tandis que les tueurs en question tentent d'échapper à leurs victimes.

Le sort se mêle de la partie et le quiproquo prend des proportions incontrôlables lorsque le duo de gentils paysans sauve Allison (Katrina Bowden), la moins stupide - et la plus charmante - des jeunes. 

L'idée de base, le quiproquo en question, supporte tout Tucker & Dale.

On pourrait penser que le filon s'épuise au bout de quelques dizaines de minutes, il n'en est rien. En effet, le scénario ménage habilement une montée vers l'absurde et le grotesque une bonne partie du film avant de retourner intelligemment - les fans apprécieront - aux sources du genre.

Tucker2.jpg

Dale & Tucker vs. Evil se payent même le luxe de parodier dans certains passages les plus récents de ses aînés (la première scène par exemple) La cabane des deux compères n'est-elle pas une copie presque conforme de la bicoque d'Evil Dead II, référence dans la couleur horrifico-burlesque? Le climat désiré s'installe ainsi sans faille, s'appuyant sur des repères bien connus des amateurs, avant que le film n'impose son originalité. La comparaison avec Sam Raimi et ses innovations dans Evil Dead II s'impose encore.

Le jeu sur les stéréotypes, permanent, continue avec les personnages. La distribution toute entière exploite à la perfection les images ressassées par les classiques, des deux bouseux ahuris aux adolescents écervelés, en passant par le policier, rempart rassurant puis dépassé - comme il se doit.

Tucker3.jpgLes ficelles sont parfois énormes, les gags amorcés avec tambour et trompette, mais le plaisir n'est plus alors dans la surprise, mais dans l'expectative: oseront-ils, et quand? Et oui, ils osent, et pas plus tard que maintenant.

Le mélange comique/ gore/ jeunes filles plus ou moins dénudées reste de rigueur. Des scènes sanglantes, une boucherie savamment orchestrées: pas de doute, on reste sur le fil dans le slasher, même s'il est traité par la farce.

 Pour son premier film, Eli Craig a donc frappé très fort et réussi un petit bijou qui marquera les esprits.

A ne pas manquer!

 

Note: 15/20

 

 

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15 juin 2011 3 15 /06 /juin /2011 21:45

LImmeubleYacoubian.jpgQui n'a pas entendu parler de L'immeuble Yacoubian, immense succès d'édition de ces dix dernières années dans le monde arabe, et dans le monde tout court. Premier roman d'Alaa al-Aswani repris dans ce premier film d'Ahmed Marwan, il décrit sans fard pendant plus de deux heures et demi à travers l'histoire des habitants d'un vieil immeuble somptueux du Caire la société égyptienne et ses troubles actuels. Corruption, islamisme, vision de l'homosexualité, harcèlement, violence: les problèmes se répondent les uns aux autres pour construire une toile infernale dans laquelle le malheur et les malfaisants se répondent et prospèrent en toute impunité. Un véritable pourrissement de la société et de ses individus dans un cadre pourtant idyllique, les espoirs impitoyablement battus en brèche par un "système" dévoyé et corrompu: le tableau peint par Omaret Yakobean est impitoyable.

L'immeuble Yacoubian est bien réel. C'est une jolie bâtisse au centre du Caire datant de 1934, héritage d'un millionnaire arménien du même nom, à ses débuts habitée par des représentants des classes les plus élevées de la société égyptienne: pachas, industriels étrangers, millionnaires juifs.

L'Egypte a bien changé depuis, et les occupants de l'immeuble avec elle.

Aujourd'hui le dernier rejeton d'un pacha de l'époque, Zaki Pacha (Adel Imam), vieux garçon la soixantaine, y occupe un bureau-garçonnière où il se réfugie pour accueillir des prostituées mais aussi se cacher de sa soeur (Younis Essad) qui cherche à le mettre sous tutelle.

On y croise aussi Haj Azzam (Nour El Sherif), ancien cireur de chaussure devenu homme d'affaire prospère et qui se fait appeler "pacha". Affichant une religiosité affirmée, il va chercher à se marier en secret pour assouvir ses pulsions sexuelles.

Yacoubian1.jpg

Les pulsions de Rasheed Hatem (Khaled el Sawy), directeur d'un journal francophone, elles, sont moins avouables, puisqu'il doit dissimuler une homosexualité que toute la société réprouve. Il entame malgré cela une relation avec un jeune conscrit marié.

Si les étages inférieurs abritent de riches individus, le toit, lui, est recouvert de cases formant un petit bidonville qui abrite où vit la jeune et belle Bosnaina (Hind Sabry), destinée à épouser Taha (Mohamed Imam), le fils du portier, dont la seule ambition est de devenir policier. Hélas, son milieu rend ce destin impossible. Bosnaina, elle, se voit sans cesse confrontée à des employeurs qui tentent d'abuser d'elle...

Le décor est planté, la société égyptienne est presque entière représentée. Les drames que vont vivre tous ces personnages respectivement peuvent se dérouler, saga sociale et familiale où les aspirations individuelles les plus humaines, les plus légitimes aussi se trouveront confrontées aux restrictions et aux interdits de l'Egypte moderne.

Yacoubian2.jpg

Le portrait qu'en fait L'immeuble Yacoubian est sans concession et éclaire à bien des égards le "printemps arabe" de ces mois derniers.

La corruption est généralisée. Les hommes en possession d'une bribe de pouvoir cherchent à en abuser de toutes les manières possibles, engendrant la frustration et favorisant la haine et la bêtise qui poursuivront un cycle infernal presque impossible à briser. Une société où l'homme est un loup pour l'homme et où l'amour ne semble pas avoir sa place.

L'immeuble Yacoubian a profité du budget le plus important jamais utilisé pour un film égyptien. Les moyens à disposition sont impressionnants: figurants, décors variés et fastueux pour des scènes courtes. La production n'a pas lésiné, et cela se voit. Un peu trop.

Mais si les prises restent convenues et manquent d'imagination, ce qui est bien compréhensible pour un premier film, un souffle épique anime toujours la saga.

Yacoubian3.jpg

Si les acteurs ne sont pas les moindres atouts de sa qualité, le principal responsable de ce succès est sans nul doute le fil narratif scénario qui peint le portrait d'une société en pleine décomposition dont les individus sont tous menacés d'une manière ou d'une autre, qu'ils soient faibles ou puissants.

Le monde d'avant, celui des vrais pachas, ressemble alors à un paradis quand on le compare aux affres que doivent subir les personnages. Car les valeurs sur lesquelles il se basait n'étaient pas l'argent et le fanatisme.

La solidité et la vérité qui émanent du trajet de chacun sont assez effrayantes pour agripper l'attention du spectateur et l'y maintenir et le faire vibrer jusqu'au générique final.

Et n'est ce pas là l'essentiel?

 


Note: 12,5/20

 

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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 17:10

Zerkalo.gif

Comment décrire l'état intérieur, les soubresauts d'une âme? Et si cette âme est la vôtre? Et si vous vous appelez Andreï Tarkovski? Un miroir ordinaire ne sufira pas, non. Il vous faudra quelque glace capable de pénétrer les esprits, de grossir certains détails, d'établir des passerelles entre les personnages et les époques d'une vie... Voici l'exercice de pseudo-autobiographie nombriliste tenté par le réalisateur avec Zerkalo [Le miroir] en 1975. Film dense qu'on pourra voir plusieurs fois, considéré par certains de ses adorateurs comme son chef d'oeuvre, par ses détracteurs comme un horrible pensum, il ne laisse pas indifférent. Dépourvu d'intrigue, il aborde par petites touches, souvenirs recréés, réinventés, magnifiés l'existence intime de ce cinéaste hors du commun, appuyé par une technique totalement maîtrisée. Cela ne vous rappelle rien? Oui, vous avez raison, les similitudes sont grandes avec le tout récent The Tree of Life, et si vous avez su vous laisser porter par ce dernier, vous saurez goûter - et regoûter - avec joie à Zerkalo.

Si Zerkalo est dépourvu d'intrigue - ce qui en détournera sans nul doute plus d'un -, il ne manque aucunement de matière.

Car la personnalité de Tarkovski est riche, très riche, et les multiples reflets qu'il porte à l'écran voguent dans une grande variété de directions. Une mère (Margarita Terekova, dont le jeu laissé en liberté porte de véritables moments de magie) en dispute constante avec un père (Oleg Yankovski) physiquement souvent absent mais psychologiquement omniprésent, la guerre, une vie de tous les jours à la ville éclairée par de lumineux séjours à la campagne...

Les incidents, les accidents, les discussions foisonnent dans la vie du jeune Ignat (Ignat Daniltsev), dans celle du petit Alekseï (Filip Yankovski) aussi, et sont repris, disséqués, analysés, transformés au rythme des souvenirs de l'un - ou peut-être de l'autre.

Zerkalo1.jpg

Car les certitudes ne sont pas légion dans l'univers Tarkovskien (?), et le spectateur avance en tâtonnant, tâchant de deviner péniblement le tableau construit par le réalisateur.

Les séquences noir et blanc alternent avec celles en couleur, le vent souffle avec force dans la taïga, les acteurs se retrouvent à incarner différents personnages, une voix de prédicateur débite en off des textes denses et poétiques - écrits par le père même de Tarkovski, Arséni - sur la nature de l'homme, de la nature... Les monologues, les dialogues, les images, les sons se dissocient, se chevauchent pour se retrouver en phase quelques séquences plus loin.

L'incendie d'une grange, un premier amour, un instructeur militaire vétéran, des essais de ballons militaires, une scène de ménage, des images d'archives... un grand capharnaüm d'épisodes de la vie d'un soviétique enfant pendant la guerre dont on aurait a priori peine à tirer un enseignement, une direction.

Zerkalo2.pngEt pourtant, de cet indescriptible méli-mélo surgit, implacable, une cohérence portée par la puissance des symboles, la force des détails qui surgissent et resurgiront plus tard sous une autre forme.

Si les images varient, pas de rupture franche dans les thèmes abordés - grâce notamment aux fréquents discours en voix off et à la douceur des mouvements de caméra.

Les passerelles entre les personnages, les époques, les incidents qui auront marqué la vie d'Ignat - ou d'Alekseï - se font naturellement, portés par les détails, les reflets des obsessions du personage central.

L'incendie d'une grange répond à la flamme entre les mains d'une jeune fille et pourra devenir buisson ardent, l'oiseau sur la tête d'un gamin parle au coq qui traverse une fenêtre, coq dont un cousin trouvera sa fin bien plus tard.

Zerkalo3.jpg

Le miroir de cette vie ainsi offerte devient porte, passage vers le monde magique peuplé de symboles récurrents, païens et chrétiens, qui peuplent l'oeuvre de Tarkovski.

Chacune de ses facettes brille et devient ainsi porteuse d'un élan mystique qui porte vers... vers quoi au juste?

Vers des moments d'émotion intense, de communion des sens, d'exaltation onirique, de symbiose parfaite: les instants d'une vie "vraie", sincère, dont l'intensité traverse l'écran pour toucher droit au coeur.

 

Note: 19/20

 

 


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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 17:59

TheBorgiasLa série historique phare de Showtime (Dexter, Californication), The Tudors, arrivant à son terme, il était temps de relancer la machine sur une autre voie. Mais laquelle? L'état-major de la chaîne a dû se réunir pour examiner les prétendants à la succession d'Henri VIII. Que leur fallait-il? De beaux costumes, un soupçon de relation avec la vérité historique (c'est un peu le prétexte et la marque de fabrique du filon), du sexe, de la violence, du sang (ça c'est pour la chaîne et accessoirement pour l'audience) et du suspense, et encore du sexe. Voyons voyons... Côté Espagnol: trop de puritains; les pays protestants? pareil et trop peu connus; le Japon? On n'y comprend rien et de toutes les façons ils réaliseront ça mieux qu'une production américaine; les capétiens? gros potentiel, mais il y a déjà eu les Rois Maudits et puis les français ne sont pas vraiment vendeurs... sauf en France. Les empereurs romains? Exploités il y a trop peu de temps par la série Rome des rivaux HBO/ BBC, avec laquelle il sera difficile de rivaliser. Les grecs? pour la sexualité on repassera... Ah mais c'est bien sûr, l'Italie décadente de la renaissance! Les Borgias! Julia Farnese! Jolis costumes garantis! Sexe, meurtres et le poison en prime! La recette semble imparable, et si on y ajoute Jeremy Irons dans le premier rôle, alors ça ne peut pas manquer... ou bien?

1492. Rodrigo Borgia (Jeremy Irons), cardinal d'origine espagnole, est l'un des principaux prétendants à la succession du pape Innocent VIII, qui vient de mourir. Face à lui, surtout des italiens: Ascanio Sforza (Peter Sullivan) et Giuliano Della Rovere (Colm Feore)

Le conclave des cardinaux réuni, Rodrigo n'hésite pas à bafouer le huis-clos, s'appuyant sur ses fils au-dehors, dont César (François Arnaud), le plus débrouillard d'entre eux, pour corrompre, promettre à tout-va et faire pencher la balance vers son élection.

Borgias1.jpg

A force d'argent et de serments la main sur le coeur, Rodrigo est élu et devient Alexandre VI. Aussitôt, deux de ses adversaires les plus féroces se liguent contre lui, Della Rovere et Orsini, ce dernier allant même tenter de l'assassiner au cours d'un banquet auquel il a convié tous les cardinaux...

Raconter les Borgias, c'est un vrai challenge: où commencer, placer la frontière avec les faits et la rumeur, de quelle façon transcender l'histoire, qui suit son propre rythme, et la rendre abordable et intéressante pour le télespectateur du XXIème siècle, à la durée d'attention notoirement réduite?

L'axe retenu par Neil Jordan (Michael Collins, Interview with a Vampire, The Crying Game), scénariste de toute la série et réalisateur de deux de ses épisodes, a donc été de partir de l'élection d'Alexandre VI et de suivre l'ascension de la famille avec ses coups bas et ses manoeuvres, tout en mettant en valeur leurs frasques sexuelles, mais sans trop les transformer en monstres sanguinaires. Hum!

Borgias2.jpg

On comprend donc les intentions de la production, soulignées par le sous-titre de la série: "la famille criminelle originelle", donc les Sopranos au Vatican.

Oui mais voilà, si les épisodes sanglants de l'histoire familiale Borgia sont effectivement nombreux, ils sont tout de même étalés dans le temps, et les présentent comme des personnages très dépravés. Et Jordan, s'il a réécrit les faits, réarrangés çà et là leur chronologie, a pris un grand soin à ne pas tomber dans une créativité débridée pour garder l'argument - le prétexte - de la leçon d'histoire télévisuelle.

Si la série Rome avait réussi à nous intéresser à ses puissants grâce à l'intermédiaire d'un homme du peuple et d'un centurion fictifs, personnages dont les aventures comblaient les périodes de calme - toujours relatif -, ici il n'en est rien. Neil Jordan se concentre sur la famille, rien que sur la famille, s'interdisant tout à-côté pourtant intéressant sur un personnage ou une famille italienne qui représenterait le peuple italien.

Borgias3.jpgOn vogue donc avec The Borgias dans le faste, les décors rutilants, les lents travelings qui rentabiliseront la dépense, et sur les liens père-mère-frères-soeurs -pièces rapportées Borgias au détriment du reste. De tout le reste.

La politique, quand elle est traitée, devient dialogue laborieux sur les forces et les enjeux préparant une scène familiale de sexe ou de violence ou un étalage de beaux costumes, c'est selon.

L'histoire, elle, est réduite à une succession d'anecdotes réarrangées pour servir de faire-valoir aux mauvais coups de la famille infernale. Idem pour ce qui est des dilemmes religieux quelquefois effleurés.

Dès le troisième épisode de la série (après l'élection d'Alexandre VI, deux épisodes réussis), le rythme en prend donc un coup.

Borgias4.jpg

Le gâchis scénaristique qui s'ensuit réduit à néant les performances d'acteurs secondaires pourtant excellents qu'on a attelés à la tâche. Savonarole (Steven Berkoff) fait les gros yeux, Charles VIII (Michel Muller, étonnant de vérité - la révélation de la série) admire ses jolis canons quand il n'est pas à table, Sancia de Naples (Emmanuelle Chiqui) a de belles robes - comme les autres actrices d'ailleurs.

Les dialogues virent par moment au sitcom familial US typique de saison 4. La faute peut-être aussi à François Arnaud, César frêle et inconsistant auquel on a du mal à croire.

Nous voici donc réduits à appréhender la saison 2 déjà annoncée, à espérer enfin que ces Borgias se montrent à la hauteur de leur réputation.

Aussi à attendre la série franco-allemande produite par Canal +, Borgia, sur le même thème, avec cette fois Tom Fontana (scénariste du célèbre Oz) aux commandes. Dans l'espoir de voir mieux...

 

Note: 09/20

 

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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 17:25

RunningOutOfTime.jpg

Avant de s'attaquer à la série des Elections (en 2005 et 2006) qui l'a fait vraiment connaître en occident, Johnnie To avait déjà à son actif une quarantaine de films (!) à son actif en tant que réalisateur. L'une de ces oeuvres les plus réputées, déjà un succès local, est Am zin [Running Out of Time], tourné juste avant The Mission. Thriller destiné à tous les publics, il tente de conjuguer dans la pure tradition des films made in Hong-Kong action débridée, comédie éventuellement loufoque, et même amour, sur fond de thèmes récurrents chez To: l'amitié et le destin.

Il ne reste à Cheung (Andy Lau) que quelques semaines à vivre. Atteint d'un cancer en phase terminale, ce criminel exceptionnellement doué compte mettre le peu de temps qu'il lui reste à profit pour venger son père de Baldy ("Le Chauve" -  Waisee Lee), malfrat hongkongais spécialisé dans le trafic de diamants.

L'inspecteur Ho (Ching Wan Lau), lui, est un policier qui n'a pas son pareil dans la police de Hong-Kong pour traquer et arrêter les criminels de tous poils. Son problème le plus sérieux est l'incapacité de ses collègues, et tout particulièrement le chef-inspecteur Wong (Shiu Hung Hui), qui n'a pas son pareil pour rendre les situations encore plus compliquées qu'elles ne le sont.

Ces deux hommes d'exception chacun dans son domaine vont se rencontrer à l'occasion de la vengeance de Cheung, dont les plans reposent sur la manipulation de la police pour atteindre ses fins.

S'engage alors un jeu de gendarme et de voleur, de chat et souris où l'estime grandissant entre les deux protagonistes laisse peu à peu  une place toujours plus grande à une amitié ambigüe.

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Ne cherchez pas, l'affiche (les deux héros dos à dos pistolet au poing, les yeux bandés) n'a pas de rapport avec l'intrigue du film, mais met l'accent sur l'affrontement, puis la complicité entre les deux hommes, qui sont bien au centre de l'intrigue.

L'action - menée tambour battant -, le scénario - compliqué, voire nébuleux sur certains aspects -, les plaisanteries - souvent poussées vers la farce - ne servent qu'à mettre en évidence ce lien qui se noue en dépit des habitudes, des convenances, des réflexes acquis dans la police comme dans la pègre.

L'humanité et les sentiments des protagonistes - mis également en valeur dans la rencontre romatique de Cheung avec une belle inconnue (Yo Yo Meung) - montent en puissance pour dépasser les péripéties de la société de tous les jours et émerger finalement, vaille que vaille, au plein jour.

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La musique, en décalage avec le rythme apparent des affrontements (Sergio Leone style, cornemuses et chorale), soutient cette lente montée à l'instar des acteurs, tous au top, héros, méchants et - crucial - faire-valoirs tel l'inspecteur-chef Wong, toujours décalé, toujours ridicule, toujours dérisoire et pourtant toujours dans la ligne de ce qui est le politiquement correct, ce qui serait conseillé, rassurant, sage.

Le regard, sans être incisif - c'est le reproche qu'on pourra faire à Am zin -, place l'émotion à sa juste place, au centre d'un monde tourbillonnant mais dont le Centre, la Vérité, l'Harmonie surgissent entre deux regards qui s'affrontent: ennemis, confrères, camarades et - enfin - complices.

 

Note: 13/20

 

 

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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 17:51

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Dans la série "les vampires de la vie de tous les jours", la version Belle Inconnue 2008, on la trouve dans Bitten ("Mordu" en français), comédie fantastico-horrifique soignée à petit budget, sortie en vidéo directement. Une distribution limitée à quelques personnages, peu d'effets spéciaux numériques mais plutôt du classique efficace pour une comédie noire et sexy sur les morts-vivants, c'est plutôt une spécialité britannique: on avait déjà vu ça dans l'excellent Shaun of the Dead (2004) - à base de zombies cette fois-ci - et on le reverra avec plaisir dans Lesbian Vampire Killers (2009) Ici, le film vient du Canada (comme  Dawn of the Dead), pays qui se lance dans le filon avec la fougue d'un cinéma jeune mais ambitieux, et qui en hérite donc des qualités comme des défauts.

Jack (Jason Mewes) a une âme de samaritain, atout mais aussi problème quand on est ambulancier de nuit et qu'on n'a pas toujours le temps de dorloter ses patients. Heureusement, son pote et co-équipier  Roger (Richard Fitzpatrick) est là pour l'orienter vers plus d'efficacité et lui injecter régulièrement un bon sens bien masculin qui lui maintient la tête froide dans l'adversité.

Cet appui, Jack en a bien besoin en ce moment, venant de se faire larguer avec perte et fracas pas sa précédente petite copine (Jordan Madley) au bénéfice du professeur de yoga de cette dernière.

Hasard de la vie, il trouve une nuit au milieu des poubelles en bas de chez lui une jeune femme aux yeux impressionnants, mordue au cou, couverte de sang et amnésique, Danika (Erica Cox)... Bien évidemment, il décide de la recueillir chez lui.

Malgré les avertissements de Roger, il en tombe amoureux et va de difficulté en difficulté quand il se rend compte que malgré des qualités évidentes - l'esthétique n'en étant pas la moindre -, son petit oiseau blessé est un vampire aux pulsions toujours plus meurtrières.

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Bitten n'ayant pas d'autre ambition que de distraire le spectateur à peu de frais, il ne faut pas s'attendre à des personnages profonds et réfléchis, mais à des caractères facilement identifiables, compatibles avec son orientation "comédie" affichée: le bon gars gentil mais un peu perdu, le copain bourru mais sympa, le vendeur de drogue du coin de la rue tête à claque, l'indien irrascible dans son 24/7...

La plastique des copines du héros est bien sûr irréprochable.

Aucun des personnages n'échappe donc à un stéréotype bien calé en première partie. L'objectif du réalisateur, Harvey Glazer, n'est pas de plonger dans l'analyse psychologique, mais de faire rire sur des clichés - un peu peur aussi éventuellement, au passage et si ça marche.

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Une musique souvent appuyée soutient les effets de style pour signaler - hahaha - qu'on ne se prend pas au sérieux, manière de s'excuser, et gros clin d'oeil au spectateur. Dommage.

La première partie du film fonctionne néanmoins, portée par Roger et la découverte des premières amours (?) de Jack et Danika.

Le temps se gâte par la suite, l'idée originale se contentant d'être répétée avec d'infimes variations sans évolution de l'intrigue générale.

Seul Fitzpatrick, en faire-valoir macho et désabusé de Jack, réussit à intéresser grâce à des réparties peu subtiles (le tea-bagging semble être LA référence du film) mais distrayantes, reconstituant avec son pote un duo d'adolescents attardés face à des filles magnifiques bien que venues d'une autre planète: le fantasme de la femme fatale chez le teenager américain a encore frappé.

Bitten3.jpgBien entendu, sur le sujet Erica Cox est agréable à voir et à revoir, mais ne fait pas un film à elle toute seule.

La fin arrive, logique et sans surprise, et la petite séquence post-générique (après un bêtisier démontrant que l'ambiance du tournage était en fait beaucoup plus lourde que celle du résultat final) vient comme un cheveu sur la soupe, là où Shaun of the Dead réussissait son coup.

Bitten se pose donc dans la catégorie "film pour soirée bière-pizza détendue entre mâles". Pour le reste, on peut laisser tomber.

 

Note: 08,5/20

 

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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 17:57

LObsedeEnPleinJour.jpgNagisa Ôshima, c'est souvent des sujets choquants tirés de la réalité ou de l'histoire japonaise et abordés sous un angle singulier. On se souvient de Ai no korîda [L'empire des sens], Merry Christmas Mr. Lawrence [Furyo], Max mon amour ou encore sa dernière oeuvre, Gohatto [Tabou]. Hanuchû no tôrima, ou L'obsédé en plein jour ne déroge pas à cette habitude. Tiré d'une histoire vraie du Japon des années 50, il expose le parcours d'un violeur en série, non pas à travers la relation des faits bruts comme le faisait le remarquable Kukushû suru wa ware ni ari [La vengeance m'appartient], mais via le regard de deux femmes: celle à qui il est marié, et la première qu'il ait violée. Au-delà du point de vue, le cinéaste a travaillé les images et le montage pour faire de L'obsédé en plein jour une oeuvre très originale et, avouons-le, plus difficile à suivre que la moyenne. Les multiples effets ne portent pas tous leurs fruits, mais le talent et leur multiplication aidant, parviennent à instaurer un climat qu'on pourra comparer aux classiques de la nouvelle vague française: Ôshima est bien l'un des plus grands représentants de la nouvelle vague japonaise.

Shino (Saeda Kawagushi) est femme de ménage chez de riches bourgeois. Un homme, Eisuke (Kei Satô), la rejoint et la poursuit dans la maison pour finalement violer et tuer la maîtresse de maison avant de fuir.

La police arrive et interroge Shino. Celle-ci ne les met pas sur la piste du criminel, mais écrit à sa femme Matsuko (Akiko Koyama) pour la prévenir que son mari est le "tueur fantôme", celui qui terrorise le Japon.

S'ensuit un mélange de souvenirs des deux femmes et de l'enquête qui avance pour former un portrait subjectif et toujours énigmatique d'Eisuke, dont le premier viol semble avoir été celui de Shino à l'issue d'une rivalité qui aura mal tourné.

Pour traiter ce sujet difficile, Nagisa Ôshima prend donc la perspective de deux femmes emblèmatiques qui pourront donner des indices sur la personnalité tourmantée du tueur.

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Pas d'insistance sur la série de crimes eux-mêmes par conséquent, peu de détails graphiques ou sanglant - juste l'essentiel pour poser les faits -, le réalisateur s'intéresse au pourquoi, aux mystères qui entourent Eisuke, grâce aux questionnements dans lesquels les femmes sont plongées.

La façon est originale car prolongée sur toute la durée du film. Sa pertinence est évidente: description du violeur, mais aussi évaluation les dommages et les douleurs physiques et psychologiques qu'il cause à ses victimes.

Car les ondes morbides déclenchées par les crimes et s'ajoutant aux us et coutumes japonais provoquent la tragédie en-dehors même du simple parcours d'Eisuke.

La photographie, les lumières, le cadrage sont somptueux et reposent sur  un noir et blanc naturellement efficace pour traiter le sujet.

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La technique utilise nombre d'effets courants chez les représentants les plus excentriques de la nouvelle vague française - montage répétitif, alternance de plans larges et rapprochés, on pense à Godard par exemple -, mais avec beaucoup de subtilité et sur un terreau de jeu très réaliste. La musique, lancinante, ponctue les souvenirs des deux femmes.

Difficile à aborder, désarçonnant par moment, le fil est difficile à discerner et se perd parfois dans la densité de la recherche technique et le manque d'explicité dans l'introduction des personnages, surtout dans la première moitié du film.

Mais une fois l'intrigue dégagée, les efforts consentis payent. La lecture devient facile et l'identification opère sa magie.

 

Note: 13/20

 

 

 


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3 juin 2011 5 03 /06 /juin /2011 17:06

XMenFirstClass.jpgSaviez-vous comment les premiers mutants se sont découverts? La manière dont Magnéto et le professeur Xavier avaient fait connaissance? Et plus important, que ce dernier n'avait pas toujours été chauve? Si ces questions troublaient votre sommeil, ou que vous avez plus simplement soif de nouvelles aventures de super-héros, alors X-Men: First Class est pour vous. L'écurie Marvel a en effet décidé de répondre à toutes ces interrogations et plus encore à travers un tout nouvel épisode de la saga des X-Men, "prequel" qui explique le pourquoi et le comment de l'équipe de mutants et de ses nemesis, sur fond d'années 60 et de crise des missiles à Cuba - car oui oui, les X-men furent étroitement mêlés à cette crise, qui constitue le décor historique du film. Aux manettes, un habitué des super-héros: Matthew Vaughn lui-même, le réalisateur de l'exceptionnel  Kick-Ass.

1944, allemagne nazie. Erik Lensherr (Bill Milner, puis Michael Fassbender), jeune juif déporté, tente d'utiliser des pouvoirs paranormaux de manipulation à distance des métaux pour éviter de se voir séparé de ses parents. Repéré par le docteur Shaw (Kevin Bacon, remarquable méchant du film), il est formé via la torture par ce dernier pour augmenter ses capacités.

1944, Nouvelle-Angleterre: Charles Xavier (Laurence belcher, puis James McAvoy) développe dans le manoir de ses parents ses capacités psychiques en compagnie de Raven (Morgan Lily, puis Jennifer Lawrence - Winter's Bone), mutante métamorphe.

Une quinzaine d'années plus tard, Erik et Charles, appuyés par la CIA, vont se retrouver unis à la poursuite de Shaw, aidé lui par le KGB, alors que les mutants commencent à être découverts un peu partout.
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Si un reproche ne peut être fait à cet épisode, c'est de manquer d'action et de rebondissements. De personnages non plus.

Le passage à la prequel a été l'occasion de renouveller l'immense majorité de la distribution des précédents épisodes. Mise à part une mini apparition de Wolverine (Hugh Jackman), place aux jeunes, et place à bon nombre de stars de séries télé dans des rôles d'importances très diverses mais de qualité supérieure: January Jones (la Mrs. Drapper de  Mad Men), Rose Byrne (l'Helen Parsons de  Damages), Nicholas Hoult (le Tony Stonem de Skins), Glenn Morshower (l'agent Pierce de  24)... un véritable courant d'air frais passe à travers First Class.

Contrairement aux précédents épisodes où on tournait toujours autour des même héros et mêmes abilités, ici le stock est renouvelé presque tout entier: les nouveaux personnages sont là en pagaille avec chacun de nouveaux pouvoirs à découvrir.

XMen2.jpg

Ce nouveau départ accompagne aussi une relocalisation de l'action dans les années 60, apportant un agréable parfum de 007 cuvée Sean Connery dans les décors et les attirails, tous soignés. Le bon vieux temps de la guerre froide, maintenant en voie de disparition des écrans, est remis au goût du jour avec un twist original, celui des super-héros.

XMen3.jpgLes fans seront aussi ravis de recevoir tant d'explications sur le passé de leurs héros favoris. La construction des personnages dans les épisodes précédents imposaient de leur fournir des particularités - souvent créées ou utilisées pour introduire une attente - qui trouvent leurs explication dans cet opus (pourquoi Xavier est-il en fauteuil roulant par exemple)

Evidemment, tous ces atouts sont autant d'artifices pour habiller le même sempiternel schéma.

 Présentation des gentils et du méchant qui introduit l'affrontement, les gentils se font écrabouiller puis se reprennent et battent les méchants à plat de couture avec petite leçon de morale à l'appui. Là pas de surprise, juste des variations sur le thème de l'émergence des mutants - est après tout l'originalité de la série X-Men (dont on mesure ici les similarités avec  Heroes)

XMen4.jpgAutre bémol pour un film du genre sorti en 2011, l'absence de 3D. La question de savoir pourquoi diable certains long-métrages ont été tourné en relief se pose souvent, mais ici c'est l'inverse. Le déversement d'effets spéciaux, qui fait aussi l'intérêt des films estampillés Marvel imposait la 3D à certaines des scènes de First Class, mais celle-ci passe à la trappe. Dommage.

Espérons que ce manque sera réparé dans les inévitables suites.

Quant à la patte humoristico-cynique du réalisateur qui avait fait merveille dans  Kick-Ass, elle finit escamotée sous le monceau de détails et de scènes riches, trop riches. Vaughn a manifestement eu du mal à développer ses personnages pour leur donner une consistance au-delà de leur position dans l'histoire. Certains peinent même à trouver une justification (Angel Salvadore - Zoë Kravitz par exemple) La machine Marvel étoufferait-elle les qualités des cinéastes - cf. Thor?

Un bilan contrasté donc pour X-Men: First Class: bon renouvellement de la série, mais pas de quoi passionner les non-fans.

 

Note: 11,5/20

 

Autres film de Matthew Vaughn chroniqués dans ce blog:

Kick-Ass (2010)

Layer Cake (2004)

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 17:20

Titus.jpgLamentable histoire que celle de Titus Andronicus. C'est en tous cas le titre original de la première tragédie de Shakespeare (The Lamentable Tragedy of Titus Andronicus), plus reprise aujourd'hui sous l'appellation Titus Andronicus, et dans ce film de Julie Taymor - apparemment shakespearienne assidue* -, Titus tout court. Réputée pour être la plus sanglante du dramaturge, cette pièce a souvent donné lieu à des débordements dans la violence et l'hémoglobine, mêlant complots, assassinats, viol, mutilations, anthropophagie et meurtre d'enfant. Un monument classique porté à l'écran sur 162 minutes et avec beaucoup de moyens: décors somptueux, stars hollywoodiennes (Anthony Hopkins et Jessica Lange), effets spéciaux... pour une vision qui se veut actualisée de la triste histoire de ce général romain.

Un gamin (Osheen Jones) dans une cuisine joue à la guerre avec ses poupées, ses petits soldats et force ketchup. Le combat s'intensifie, la fenêtre vole en éclats, la pièce s'emplit de fumée et un soldat romain entre et emporte l'enfant au milieu d'une arène où il assiste au défilé du général Titus Andronicus (Anthony Hopkins) et de ses troupes.

Celui-ci revient d'une campagne victorieuse chez les Goths avec un imposant butin, des otages - leur reine Tamora (Jessica Lange), son conseiller maure Aaron (Harry Lennix) et ses trois fils -, et les corps de vingt-cinq de ses propres enfants.

Pour venger ces derniers, et malgré les supplications de Tamora, Titus sacrifie le fils aîné de celle-ci, qui jure avec ses deux derniers rejetons de se venger.

Complots, machinations, assassinats, un cycle infernal d'horreur et de dévastation est lancé qui verra la famille de Titus (ce qu'il en reste) décimée, la cour impériale massacrée et Rome menacée par les barbares sous un déluge de violences assorties de détails toujours plus sordides.

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Comme on le voit, la délicatesse et la subtilité ne sont pas vraiment les principaux ingrédients de la pièce.

Premier choc de cette adaptation, son style graphique extrêmement riche. Costumes somptueux, décors majestueux, mélange des époques et des styles, de classique et de kitsch sur couleurs habilement composées. Source de surprise et d'émerveillement constant, manière aussi de tenir le spectateur sur ses gardes, les anachronismes alimentent la curiosité et tissent le lien entre ce Rome rugueux et fantasmatique et le monde d'aujourd'hui.

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Les dialogues, toujours un problème dans les adaptations de Shakespeare - comment les rendre abordables à l'anglais ou l'américain moyen sans plomber l'action et donc la place au box office - ont été conservés et la qualité des acteurs est à leur hauteur. Ouf! ... ou bien?

En effet, face à cette pièce, déjà un mastodonte en soi de plus de deux heures et demi, pullulant d'intrigues et de personnages secondaires, l'accumulation de détails, le respect du texte finissent par alourdir la trame. L'allègement aurait  - pour une fois - peut-être fait un choix plus judicieux. Une trahison de l'auteur certes, mais pour un résultat plus adapté aux formats de notre temps.

Même Hopkins, qui reprend ici un rôle de fou (encore) et Lange, pourtant des pros, semblent se noyer dans l'amoncellement de rebondissements.

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Pour dépasser cette accumulation massive de meurtres, de violences et de crimes de tous ordres et lui donner un sens que l'original n'avait pas nécessairement; pour soutenir également l'intérêt du spectateur et éviter son écoeurement, Julie Taymor a donc tenté d'introduire des mises en perspective de la pièce, ce qui est après tout l'un des rôles d'un metteur en scène.

L'une d'entre elle est placée à l'introduction - le passage du petit garçon dans sa cuisine -, l'autre à la conclusion.

Le message qu'elles transmettent, message tout d'espoir et de paix est hélas dérisoire, simpliste et en pleine contradiction avec celui porté par la pièce - la fin est même en opposition avec la plupart des interprétations de Titus Andronicus. Une intention louable donc, mais qui affaiblit l'oeuvre, dont la violence n'est plus assumée.

D'où le sentiment de ratage qui accompagne le film au fil de sa progression, au contraire d'autres relectures récentes de pièces de Shakespeare (Romeo + Juliet par exemple), pièces il est vrai de meilleure qualité originale que Titus Andronicus. Et ce malgré des qualités picturales indéniables.

Cette fois encore, le mieux sera devenu l'ennemi du bien.

 

Note:10,5/20

 

 * Les amours de Taymor avec Shakespeare ne sont pas terminées, puisque son oeuvre compte désormais The Tempest (2010)

 

 

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