Le dernier monstre des séries télé, c'est bien sûr la version des années 2000 de Battlestar Galactica, une enfilade de 4 saisons et quelques miniséries qui nous jouèrent un space opéra placé dans un univers futuriste riche en références de toutes sortes, avec - pour une fois - une histoire qui se tenait et se développait sans faiblir. Un début, un milieu, une fin, c'est assez rare et méritoire dans ce milieu pour être signalé. Une fois terminée cette saga, difficile de la prolonger quand on en connaît la fin. Pour ne pas laisser perdre le filon, il était par contre possible de s'attaquer à ses origines. Comment était-on arrivé à cet affrontement humains-robots? Eh bien pas de problème, la prequel Caprica s'est aussitôt, une fois la série-mère terminée, proposée de nous en offrir l'explication. Avec les mêmes créateurs et producteurs exécutifs (Ronald Moore, David Eick et Remi Aubuchon) aux commandes, le tournage se fait au Canada et commence par un pilote qui sera poursuivi par des épisodes d'une quarantaine de minutes chacun. La série sera limitée à une saison, arrêtée pour audience insuffisante.
L'histoire retrace la naissance de ces fameux robots qui mettront en péril l'humanité, les cylons*, autour de deux familles de la planète Caprica, les Graystone et les Adama, 50 ans avant les évènements décrits dans Battlestar Galactica.
Daniel Graystone (Eric Stoltz), magnat de l'industrie électronique, a une fille unique Zoé (Alessandra Torresani) surdouée de l'informatique, mais également membre d'un réseau de terroristes religieux adorateurs d'un dieu unique - alors que la plupart des Capricans sont polythéistes.
Entraînée dans un attentat suicide, elle perd la vie en même temps que beaucoup d'innocents, dont la femme et la fille unique de l'avocat de la pègre Joseph Adama (Esai Morales), père de William Adama [le futur commandant du Galactica pour les connaisseurs]
Mais Zoé s'était créée avant sa mort un avatar hyper perfectionné dans un monde virtuel qui, sans connaître tous ses secrets, est une parfaite réplique mentale de son original.
Daniel Graystone récupére dans un premier temps cet avatar pour l'implanter dans un robot prototype qu'il compte fabriquer en série pour l'armement grâce à l'appui de la mafia Tauron, dont le conseiller n'est autre que Joseph Adama. Celui-ci, apprenant le rôle de Zoé dans l'attentat qui a décimé sa famille, décide de se venger des Graystone.
Et nous en sommes à peu près au troisième épisode.
Comme on le voit, le scénario, très compliqué, regorge de personnages réels et virtuels, d'univers parallèles qui en compliquent la lecture. A quoi s'ajoutent, s'il en était besoin, les revirements - vrais ou simulés - d'alliances entre les protagonistes.
Etant donnée la densité d'informations, les créateurs de Caprica auraient pu en faire plusieurs saisons, mais on sent que les décisions stratégiques sur l'avenir de la série ont pesé sur le développement des intrigues.
Un pilote molasson suivi d'un démarrage en trombe, puis d'un passage à vide sur quelques épisodes où on ne sait pas très bien où l'on va - certains personnages disparaissent brusquement de la scène pour réapparaître opportunément quelques opus plus tard - pour terminer quand même sur un final très réussi: le niveau des épisodes est très variable, et la cohérence globale n'atteint pas la qualité de la série mère.
Si la réussite technique, les effets spéciaux sont par contre parfaits, à l'image de ceux qui ont contribué au succès de Battlestar, les principaux atouts de Caprica gisent en fait dans les nombreux particularismes et les peaufinement de cet univers singulier mais néanmoins parallèle au nôtre, et donc créateur de questionnements sur ce dernier.
Préjugés racistes, fanatisme religieux virant au terrorisme, mondes virtuels devenant nouvelles réalités, avancées de la robotique, grandes corporations toujours à l'appât du gain...
Ca ne vous dit rien? Tout est semblable, et pourtant tout est différent, et donc les mises en perspective sont riches.
Quant à l'épopée des cylons, si elle constitue bien la colonne vertébrale, le fil rouge de la série, elle est intelligemment placée en toile de fond des aventures des deux familles. C'est la cerise sur le gâteau qui ravira les fans de Battlestar, et pourra servir d'introduction aux néophytes.
Note: 13/20
* Qu'est-ce qu'un cylon? Pour ceux qui ne seraient pas familiarisés avec l'univers de Battlestar Galactica, ce mot ne signifiera pas grand'chose, mais pour les autres, c'est bien sûr les méchants (ou pas, ça dépend) robots qui mènent une lutte acharnée contre leurs anciens maîtres humains, sortes de Terminators dont l'intelligence varie en fonction du modèle et de la fonction, et dont la foi reste mystérieusement enracinée dans un dieu unique.