'The Boys from Brazil' [Ces garçons qui venaient du Brésil] (1978) - Petites expériences entre nazis
The Boys from Brazil: sous ce titre énigmatique se dissimule un film tiré d'un roman éponyme de Ira Levin, écrivain à succès de la deuxième moitié du XXème siècle aux USA. Ses oeuvres passées à l'écran les plus connues (mis à part ces garçons)? Rosemary's Baby et The Stepford Wives. Un spécialiste donc du suspense et des thrillers sur des thèmes originaux et variés qui alimenteront à merveille Hollywood. Pour The Boys..., les petits plats ont été mis dans les grands, au moins question distribution: Gregory Peck, Laurence Olivier (qui a été 2 ans plus tôt criminel de guerre nazi dans Marathon Man, et qui cette fois-ci enchaîne sur le rôle du chasseur des dits nazis), James Manson. L'intrigues romantique est loin, mais le plongeon dans un mélange d'espionnage, de projet scientifique novateur avec des rebondissements et des personnages marquants correspondant est garanti. A la réalisation, Franklin J. Schaffner, réalisateur à succès issu de la télévision qui aura marqué, sinon le cinéma avec un grand C, du moins les esprits par des films aussi divers que Papillon, Patton et Planet of the Apes [La planète des singes]. Destiné à recevoir de nombreux prix, The Boys... aura sans doute déçu ses producteurs. Le résultat est inégal, les défauts se sont accentués, mais plus de 30 ans plus tard, les performances des acteurs restent, comme un certain climat de théories conspirationnistes de romans de gare qui alimentera toujours l'imaginaire des amateurs d'aventure.
Ezra Lieberman (Laurence Olivier), le célèbre chasseur de nazis autrichien, est peu étonné quand il reçoit un appel de Barry Kohler (Steve Guttenberg, plus connu pour ses prestations dans Police Academy), étudiant juif enquêtant pour son propre compte au Paraguay. En effet, si celui-ci lui raconte être sur la piste de criminels de guerre nazis, cela ne peut être considéré comme une grande nouveauté.
Le second appel de Kohler, par contre, est plus original: les criminels en question semblent oeuvrer pour le docteur Josef Mengele (Gregory Peck), l'ancien médecin en chef d'Auschwitz, et ont le projet d'éliminer 94 hommes à travers le monde entier dans un objectif qui reste mystérieux mais qui leur paraît vital. Hélas, Kohler disparaît peu après l'appel, supprimé par les comploteurs.
Au fil de l'enquête dans laquelle se jette alors Ezra se dessine le plan insensé de Mengele, soutenu par ses ex-camarades de lutte, plan qui conjugue génétique, psychologie et les théories raciales chères aux théoriciens de la pureté de la race aryenne.
Si la réalisation est assez "standard" pour l'époque, le film reste marquant pour les prestations de ses deux principaux acteurs.
Gregory Peck en médecin fou obsédé par ses lubies et Laurence Olivier en vieux chasseur de nazi pépère s'y donnent à coeur joie pour tenir le suspense et la crédibilité de cette histoire à dormir debout.
Le face à face de ces deux monstres sacrés coïncide bien entendu avec l'apex tant attendu.
A noter également, l'intéressante prestation du jeune Jeremy Black en adolescent insupportable et malfaisant.
Le reste de la distribution est hélas très variable en qualité.
Pour ce qui est du résultat global, quelques scènes remarquables sortent du lot, comme la visite nocturne de son ancien laboratoire par le professeur Mengele, mais c'est bien le scénario qui donne un sens, une tension et un intérêt au tout, à l'aide du parfum de nostalgie et de scandale exhalé par ces vieux SS complotant dans leur coin pour l'avènement d'un royaume perdu il y a belle lurette.
The Boys from Brazil étant avant tout un film d'aventure et de conspiracy theory, Schaffner ne plonge pas aussi loin sur ce thème précis que Cavani avec le sublime Il portiere di notte [Portier de nuit], sorti quatre ans plus tôt, mais ce n'était visiblement pas son but.
Un projet de remake est à l'oeuvre (sortie prévue en 2012) avec a priori Brett Ratner, l'homme de Rush Hours et de l'éminament oubliable Red Dragons, aux commandes. Pas sûr qu'il puisse mieux faire que la version de 1978...
Note: 11/20