Catherine Hardwicke, vous connaissez? Avec de la chance, vous vous souvenez de Thirteen (2003), film d'adolescents désaxés assez réussi. Si vous êtes un fan de Twilight (la probabilité en est nettement plus élevée) vous savez sûrement qu'elle a réalisé le premier épisode de la saga des vampires teenagers bien propres sur eux. Eh bien trois ans après cet exploit, elle sort, d'après le conte de Perrault repris par les frères Grimm, un Red Riding Hood [Le chaperon rouge] qui, n'était le chaperon en question, ne déparerait pas la série vampirique à l'eau de rose: de sublimes forêts aux arbres gigantesques (ce sont d'ailleurs les mêmes), un monstre terrorisant une région, des éclairages qui jouent avec les brumes, une petite dose d'effets spéciaux numériques, une rivalité amoureuse entre personnages incolores et inodores... Pas de ralenti, mais c'est lent. Très - lent. Et pourtant Gary Oldman était là...
La jeune Valerie (Amanda Seyfried) vit dans un village au fond d'une forêt avec ses parents, son frère et sa soeur aînée.
Ses habitants vivent depuis des années dans une trêve fragile avec un loup-garou à qui ils laissent un tribu sous forme d'animaux laissés sur la grand-place les nuits de pleine lune.
Mais voilà, un après-midi, le loup égorge la soeur de Valérie alors seule dans un champ, et les villageois criant vengeance montent une expédition pour en finir une bonne fois pour toute.
Sur ce, Solomon (Gary Oldman), sorte d'inquisiteur itinérant, débarque avec une troupe de guerriers surarmés et révèle aux habitants stupéfaits (?) que le loup-garou se cache certainement parmi eux.
Le monstre pourrait être le ténébreux Peter (Shiloh Fernandez), orphelin étranger ami d'enfance pour lequel vibre le coeur de Valérie, ou Henry (Max Irons), le blond forgeron à qui elle a été promise par ses parents, ou qui encore?
Le propos de la réalisatrice est ambitieux: faire revivre le conte immémoriel dans ses grandes lignes en le développant au goût du jour.
Et pour Catherine Hardwicke, ce jour c'est Twilight, un univers aseptisé calqué sur les références des teenagers américains, et dont le centre est une petite princesse adolescente courtisée par tous, incomprise par les adultes et entretenant avec des monstres des relations qui se veulent ambigües, évocatrices de pulsions sexuelles qui montent qui montent, mais qu'on ne montrera surtout pas - il ne faut pas inquiéter.
Le concept semble correspondre avec le trajet idéalement et psychanalitiquement suivi par notre petit chaperon rouge, à un détail de taille prêt: le loup doit faire peur.
Or, dans ce Red Riding Hood, ce n'est absolument pas le cas. Construite à base d'effets spéciaux propres mais sans plus, la montée des interventions de la bête n'est pas - ou peu - orchestrée.
En effet, Hardwicke a préféré se consacrer aux détails, à la sauce qui enrobe le tout, et l'épicer selon ses goûts favoris. A préféré la cerise sur le gâteau au détriment de ce dernier.
Alors oui, les décors et les images sont techniquement superbes, bien léchés. Les vêtements sont parfaitement cohérents avec l'univers du conte fantastique intemporel.
Quant au fond, il est phagocyté par le style Twilight plaqué sur une ambition démesurée de parcourir tous les genres, toutes les scènes traditionnelles du film pour teenagers.
Des adolescents métrosexuels bien pommadés tentent de procurer une épaisseur à des personnages allant d'une rencontre à l'eau-de-rose à un bal absurde, certains protagonistes apparaissent ou disparaissent sans crier gare, tous ou presque ont l'occasion de montrer qu'il ou elle peut être le loup-garou, mais sans assez s'attarder pour en rendre la théorie plausible...
Mis à part Gary Oldman, seul à imprimer la pellicule en maîtrisant son personnage, les acteurs pataugent à qui mieux mieux pour tenter de donner un sens à leurs actions.
Slasher aux dents limées, film d'amour sans sentiment, thriller sans véritable suspense, feu d'artifice sans couleur, ce pauvre chaperon est de ces films d'où l'on sort en se disant que c'était bien joli, mais qu'on ne se souvient pas vraiment de quoi ça parlait.
Note: 07/20