Encore une comédie déjantée pour Edgard Wright. Après les excellents Shaun of the Dead en 2004 et Hot Fuzz en 2007, le réalisateur passe l'Atlantique et s'attaque cette fois aux stéréotypes geek avec l'adaptation d'une série de romans autour d'un héros/ anti-héros, Scott Pilgrim. L'angle d'attaque est celui d'une plongée dans les classiques du jeu vidéo. Original et adapté au sujet!
Pauvre Scott (Michael Cera)! Sans compter les problèmes avec son groupe de rock et son colocataire homo, il a tellement de mal à se remettre de son largage par sa dernière petite amie qu'à 20 ans il sort avec une lycéenne, Knives (Ellen Wong), asiatique de surcroît (?)
C'est alors qu'il rencontre celle qui sera sa Juliette, la trouble et tourmentée Ramona (Marie Elizabeth Winstead) Enfin qui sera sa Juliette s'il défait en combat singulier ses sept méchants ex, qui se sont ligués pour lui barrer la route.
Les aventures de Scott commencent comme un film à peu près habituel sur le monde des nerds, à ceci près que celui-ci ne comporte pas de contrepoint: pas de milieu où l'univers est lisse et brillant, "normal", comme dans beaucoup d'autres films (revoir Napoleon Dynamite ou Rushmore, deux modèles du genre, à l'occasion). Les geeks évoluent dans un monde qui se suffit à lui-même, ce ne sont plus des marginaux. Evolution intéressante, mais passons.
Car progressivement s'insinuent sur l'écran des commentaires graphiques débordant le niveau des onomatopées de bande dessinée pour insérer des commentaires amusants (par exemple pour décrire l'appartement où vit Scott)
Et on se dit que ce film ne suit pas vraiment les normes.
Celles-ci vont en effet voler en éclat dès la rencontre de Scott avec le premier ex de Ramona, rencontre qui tourne au combat vidéo type Final Fantasy, Tekken ou dérivés, avec introduction du présentateur, incrustations dans l'image, et - touche finale - désintégration du perdant à la fin en pluie de pièces (les fans de Super Mario reconnaîtront) accompagnée d'un jingle approprié et d'un bonus de 3000 points.
Ceci pour vous donner une idée de la suite dans laquelle s'enchaînent les défis avec les autres ex et les pseudo-intrigues sentimentales, toujours avec force trouvailles graphiques et références à l'univers du jeu vidéo.
Les acteurs servent à merveille l'intrigue, jusques et y compris les "petits" rôles.
Le verdict final du spectateur dépendra probablement de son âge et de son milieu. Quelqu'un ayant une connaissance de base du milieu devrait être happé par l'intrigue comme on peut l'être par ces jeux et apprécier le voyage. Les sensations ressenties dans le combat final collent de très près à celles qu'il/ elle aura expérimentées. La désintégration du méchant en pièces devient tout à fait attendue, espérée, tout comme la progression de l'intrigue, jusqu'à son dénouement.
Les allergiques au monde geek devraient avoir plus de problèmes. Mais la folie et le style ne laisseront de toutes façons pas de place à l'indifférence.
Note: 14,5/20