Il est de ces histoires qui frappent, et celle de 127 hours en est manifestement une. Celle d'un homme pris au piège au cours d'une randonnée, coincé par un rocher qui lui écrase le bras. Une histoire vraie qui plus est, vécue et racontée dans une autobiographie par Aron Ralston en 2003. S'est attelé à la tâche de transposer cette aventure au cinéma Danny Boyle, le réalisateur britannique surdoué déjà auteur de Trainspotting, The Beach, Sunshine et autre Slumdog Millionaire, pour ne parler que de ses plus grands succès. Alors, encore un coup de génie?
L'intrigue est simplissime. Aron Ralston (James Franco) est un de ces mordus d'escalade et de canyoning, activité sportive consistant à descendre des lits de torrents ou des ravins plus ou moins asséché. Parti en excursion comme il en a l'habitude, il croise deux jeunes filles à qui il fait découvrir une vasque d'eau claire avant de partir seul descendre un canyon.
Là, un éboulement et le voilà immobilisé, une main coincée sous un boulet qui s'est effondré. Commence alors une pénible attente de plus de cinq jours, parsemée d'inutiles efforts pour se dégager et survivre, de souvenirs et de regrets aussi.
Difficile de tenir un film de plus de 90 minutes quand l'histoire en est aussi linéaire et son issue pratiquement de presque tous, mais reconnaissons que Boyle parvient à contourner cette difficulté en partie.
Premier atout, son acteur principal, James Franco (un habitué des Spiderman), à l'écran à peu près 95% du temps, totalement présent dans son personnage de sportif trompe-la-mort en difficulté.
Deuxième atout, le cadre magnifique des canyon de l'Utah. Des roches jaunâtres et lisses où le soleil permet des dégradés magiques vous transportant sur Mars ou dans un autre univers en quelques plans bien cadrés.
Troisième et dernier joker, le fait que cette histoire soit vraie et pratiquement pas retouchée (si ce n'est dans les détails de sa rencontre avec les randonneuses), ce qui sensibilise plus le spectateur qu'une oeuvre de fiction lambda.
Malheureusement, il faut avouer que ces bonnes cartes sont loin de suffire à remplir l'heure et demi de l'ordalie endurée par Aron. La promesse de l'affiche française: "chaque seconde compte" est loin d'être tenue.
Si l'on considère Saw, autre film au thème similaire - mais d'un genre tout différent je vous l'accorde -, son intrigue centrale y avait été enrobée d'une épaisse couche de gore, d'action, de suspense truffé de rebondissements qui alimentent sans cesse l'angoisse, même en connaissant la fin - qu'elle soit heureuse ou malheureuse.
Ici, mis à part quelques passages dans cette optique, les péripéties restent souvent dans le remplissage. Se multiplient les flashbacks nostalgiques du héros, qui voit une vie somme toute banale défiler devant lui. Procédé intéressant pour y associer les spectateurs en début de film, mais qui lasse quand il est répété toutes les vingt minutes.
Le personnage d'Aron lui-même n'est pas attachant si ce n'est par son statut de victime. Sûr de lui, égocentrique et imprudent - s'engager dans de telles expéditions seul reste tout de même une règle élémentaire de sécurité, il évolue peu durant l'épreuve. Image d'un individualisme pregnant, il inspire plus la compassion que la sympathie, sauf dans les trop rares moments où son armure se fissure.
En y ajoutant que vous aurez bien de la chance si vous parvenez à voir le film sans en connaître le dénouement étant donné le battage qui l'entoure, difficile de rester passionné par cette variante de l'histoire du renard poussé à se ronger la patte pour se sauver d'un piège à mâchoires.
Alors oui, les images sont magnifiques, le coucher de soleil en Utah vaut certainement le détour, ses canyons d'eau bleu transparente aussi, mais le propos reste anecdotique: l'histoire d'un homme au bras coincé longtemps, longtemps, longtemps.
Note: 12/20