Zombie Strippers! ... Zombie strippers??? Le zombie, créature hideuse et anti-glamour, serait-il un adepte du déshabillage, voire du strip-tease? Et quel en serait l'intérêt? Jay Lee décide de nous faire profiter de ses connaissances - ou de ses intuitions - en la matière avec un film clairement axé sur la parodie et la série B au goût d'un Rodriguez ou d'un Tarantino qui disposerait de beaucoup, beaucoup moins de moyens que les réalisateurs/ producteurs de Machete et de From Dusk till Dawn [Une Nuit en Enfer] Manque d'argent n'implique pas forcément défaut d'imagination, et les surprises de tous ordres abondent dans ce qu'on aurait mauvaise foi à appeler un chef d'oeuvre, mais qui ne laissera à coup sûr personne - fans y compris - insensible.
Dans un futur proche - et maintenant alternatif, Bush en étant à son quatrième mandat -, une expérience viralo-chimique qui tourne mal et voilà une petite épidémie de zombie lancée.
Heureusement, l'escouade "Z" des marines est appelée pour juguler la menace et agit avec toute la délicatesse requise, massacrant à tour de bras les mort-vivants en vadrouille.
Las, un de ses membres, Byrdflough (Zak Kilberg), mordu in extremis, préfère la fuite à l'exécution sommaire par ses camarades et se réfugie dans un strip-club clandestin - oui, le politiquement correct a encore fait des progrès sous Bush 3, les lieux de perdition sont maintenant interdits - et voisin.
Dans cet antre de débauche se déshabillent lascivement pour le plus grand bonheur des mâles du coin quelques beautés de profils variés et intéressants: la pin-up intello blonde, Kat (Jenna Jameson, ancienne reine du porno "pour de vrai"), sa rivale brune, sa copine rousse (Penny Drake), Lilith la gothique (Roxy Saint), et quelques autres dont Jessy, la petite dernière fraîchement débarquée de sa cambrousse (Jennifer Holland)
Ian, le patron du bouge (Robert Englund en personne - oui oui, notre Freddy préféré, aussi connu pour son rôle de lézard végétarien de V quand il n'est pas maquillé), est bien embêté quand Byrdflough égorge Kat en plein numéro.
Fort heureusement pour son business, elle revient bientôt à la non-vie, et les femmes mettant moins de temps à se décanter quand elles se transforment en zombie - l'information a été subtilement glissée dans les premières minutes du film -, Kat acquiert même des capacités sportives qui la transforment en déesse du pole et du lap dancing.
De quoi en rendre ses petites camarades malades de jalousie, non? L'histoire ne fait bien sûr que commencer, car la zombie-star est partageuse...
Si le scénario a été travaillé, c'est dans les détails, pas dans l'intrigue général, ici un prétexte.
Jay Lee a en effet choisi de se poser dans la parodie, et s'y vautre à coeur joie: petites phrases allusives au contexte politique américain voire international, personnages ultra-stéréotypés cultivant la bêtise, le cynisme, la naïveté à qui mieux-mieux et sortant des réparties de haute volée intellectuelle à brûle-pourpoint.
Les effets spéciaux gore et zombie-style sont également bien travaillés, surtout dans les tenues des danseuses zombies. Têtes qui explosent ou sont fendues en deux, membres arrachés, musique hard et assumée: on reste dans le classique du genre.
Les actrices ont été choisies pour leur jeu (bien sûr), mais également pour leurs mensurations. Les femmes semblant avoir pour défense naturelle de se débarrasser de leurs tee-shirts et pantalon en situation de danger - c'est en tous cas un des enseignements du film -, les séquences sexy ne décevront donc pas non plus.
Pour le reste, budget oblige, certains traitements très série B pourrissent quand même l'ambiance, le plus imposant gisant dans la composition très légère du commando "Z", du casting aux uniformes et à l'armement, en passant par les séquences de mitraillages qui combinent avec plus ou moins de bonheur lâchers de douilles, éclairs numériques et gigotages d'armes. De ce côté pas grand-chose à sauver, et c'est bien dommage. Pour trouver pire, se reporter néanmoins aux oeuvres de Noboru Iguchi (Kataude mashin gâru [The Machine Girl] par exemple)
Du coup beaucoup de défauts qui passeraient à l'as en temps "normal" ressortent dans le montage, les éclairages, l'inégalité de jeu entre certains acteurs. Dans certains cas on ne sait plus très bien si on patauge dans la caricature ou dans la mauvaise interprétation, mais on patauge, indéniablement.
Sans la prestation d'Englund, qui tient une bonne partie du film et navigue avec aisance dans les registres comique comme tragique, le naufrage était assuré, et le dévidage de cette surprenante association strip-tease et zombies, Eros et Thanatos "grotesquifiés" sombrait dans les ténèbres et l'irrémédiable médiocrité. Avec tout le fun et le mauvais goût jouissifs qui l'accompagnent.
Ouf, on est sauvés!
Note: 09,5/20