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Critiques Films

2011

Red Riding Hood [Le chaperon rouge]

Melancholia

Rise of the Planet of the Apes [La planète des singes: les origines]

Jodaeiye Nader az Simin [Une séparation]

X-Men: First Class [X-Men: Le commencement]

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Battle: Los Angeles

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The Rite [Le rite]

2010

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2009

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The Men Who Stared at Goats [Les Chèvres du Pentagone]

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Bakjwi [Thirst, Ceci est mon sang]

The Road [La Route]

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2008

Bitten

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Li Mi de caixiang [The Equation of Love and Death]

Max Manus [Opération sabotage]

Kataude mashin gâru [The Machine Girl]

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Gomorrah

2007

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Sex and Death 101

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Ryû ga gotoku: gekijô-ban [Yakuza: Like a Dragon]

Ji jie hao [Héros de guerre/ Assembly]

Before the Devil Knows You're Dead [7h58 ce samedi-là]

Kuro-obi [Black Belt]

Katyn

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Zodiac

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Le Prix à Payer
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2006

Omaret yacobean [L'immeuble Yacoubian]

The Fountain

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46-okunen no koi [4.6 Billion Year Love/ Big Bang Love Juvenile A]
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Letters from Iwo Jima
Ne le dis à personne
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La Vie des Autres
The Last King of Scotland
Thank you for smoking
2005

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Chinjeolhan geumjassi [Lady Vengeance]

Down the Valley
2004

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D'autres mondes

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2003

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Akarui Mirai [Jellyfish/ Bright Future]

2002

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Boksuneun naui geot [Sympathy for Mr. Vengeance]

Tasogare Seibei [Le Samouraï du crépuscule] 
Punch-Drunk Love
2001

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2000

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1999

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1997

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1996

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1995

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1990

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1989  
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1988

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Ghosts... of the Civil Dead

1981

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1980  
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1979

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1978

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1977

Une sale histoire

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Maîtresse

1972

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1970

La pacifista

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1969

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Les Damnés

1968

If...

1967

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1966

Hakuchû no tôrima [L'obsédé en plein jour/ Violence at High Noon]

Taiji ga mitsuryô suru toki [Quand l'embryon part braconner]

1965

Repulsion

1964

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1962

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1960

Junfrukällan [La source/ The Virgin Spring]

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1958

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1957

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1956

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1955

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1950

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1926

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 17:40

UneSaleHistoire.jpgUn homme raconte une histoire dans un salon cossu. Une histoire sordide. L'histoire fait son petit effet sur l'assemblée et se termine.

Un autre salon - le même peut-être. Un autre homme, confortablement installé, raconte la même histoire que l'homme précédent. Le ton est légèrement différent, peut-être moins polissé, difficile à dire.

Mais l'un des deux raconte une histoire qui lui est arrivée, l'autre joue un rôle. A nous de comparer la sincérité, la conviction des deux. tout en goûtant à l'intrigue en question.

Voici la base d'Une sale histoire, court-métrage de Jean Eustache, tentative d'exploration des limites entre réalité et fiction, du rôle du cinéma et de la vérité qu'il peut inventer, re-créer.

Les cinquante minutes du court-métrage sont donc divisées en deux parties.

Dans la première, le narrateur (Michael Lonsdale) raconte devant un auditoire essentiellement féminin son expérience d'apprentissage du voyeurisme dans un café parisien où un trou lui permet de voir le sexe des femmes qui passent aux toilettes. Cette découverte l'entraîne sur des considérations sur la nature de la vie sexuelle masculine et ses difficultés de communication avec les femmes alors que ses interlocuteurs réagissent à ses propos.

Dans la seconde, le narrateur, c'est Jean-Noël Picq. L'histoire en question est en fait de lui. L'aventure du voyeur, c'est la sienne, et la première partie reprenait le texte de cette seconde au mot près.

SaleHist1.jpgL'interprétation de Lonsdale est brillante, captivante, presque hypnotique, et pourtant le témoignage, la vérité brute, ce n'est pas lui, c'est l'autre.

Le travail, la performance de l'acteur transcendent la relation des faits pourtant très personnelle et déjà répétée, revécue, ressassée maintes fois par Jean-Noël Picq.

L'essence en est extraite, quelquefois au dépend du sens premier donné par l'auteur, une dose d'incohérence envahit le récit en certains points, mais là aussi les talents de conteur de Lonsdale enrobent ces à-peu-près de mystère et fournissent au récit une coloration magique que l'histoire brute ne possède pas.

La petite leçon sur l'âme humaine - masculine, mais les réactions des femmes qui assistent à la narration sont à la hauteur - est la cerise sur le gâteau qui complète l'exploration.

 

Note: 15/20

 

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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 17:34

LaPacifista.jpgEn cette fin des années 60 souffle un vent de révolution dans la jeunesse européenne. La contestation monte, multiforme, à la recherche de nouvelles formes d'expression, touchant toutes les formes d'art. La Pacifista (La pacifiste) s'inscrit dans cette mouvance par son thème comme par son style, radicalement différents de la norme de l'époque, et qui n'ont, il faut l'avouer, pas marqué assez pour ne laisser aujourd'hui qu'un parfum de nostalgie de ces années où, après tout, "ça" n'allait pas si mal. Aux manettes, un réalisateur controversé pour ses positions politiques et considéré par certains comme un génie du cinéma, le hongrois Miklos Jancso, alors émigré en Italie.

Barbara (la célèbre Monica Vitti, une des actrices favorites d'Antonioni), reporter italien, enquête sur les nombreux jeunes extrêmistes qui sillonnent les rues de Rome en y semant le désordre.

Prise à parti par un groupuscule, elle se lie avec l'un de ses membres, Michele (Pierre Clémenti) en ne le dénonçant pas à la police.

Une histoire d'amour s'ébauche alors entre l'activiste et la journaliste, qui apprend alors à vivre dans la peur, prise entre les membres du groupe d'extrêmistes et la répression de la police.

Si l'intrigue du film, très simple, reste assez banale pour l'époque, c'est l'originalité du traitement par le réalisateur qui frappe et place La Pacifista dans la catégorie des films expérimentaux.

Des bandes de manifestants, de policiers se croisent et se recroisent à pied, en voiture, dans un parc, près d'une église dans un enchaînement presque ininterrompu de plans séquences de longueurs impressionnantes (le premier dure par exemple environ 5 min, déjà beaucoup plus que la célèbre séquence d'introduction de  Touch of Evil)

La caméra avance, recule, tourne sur elle-même, virevolte pour suivre les actions de chaque groupe dans un ballet étourdissant qui brise la linéarité du temps - plusieurs épisodes de l'intrigue se succèdent dans le même plan - et de l'intrigue.

Pacifista1.jpg

Le son, conformément aux usages des studios italiens de l'époque, a été post-synchronisé pour correspondre aux séquences tournées.

Volonté de Miklos Jancso - ou pas -, les dialogues et les paroles réellement prononcées par les acteurs ne se superposent que partiellement, même lorsque les personnages s'expriment à l'écran.

Le réalisateur en profite ainsi pour distancier l'univers sonore de l'image en introduisant au-dessus de la bande-son originale qui reste en filigrane les dialogues reconstitués, des conversations imaginaires (exhortations de la mère de Barbara, discussions entre deux prêtres sur l'essence de Dieu) reflet des pensées de la journaliste, sur fond de bruits de cavalcade, de motos, de pin-pons d'ambulance ou de policiers etc etc...

La technique déstabilise et procure au film en s'ajoutant aux mouvements du cadre et aux plans-séquences l'aspect d'une comédie musicale dont les chants seraient les dialogues et la musique les effets variés mais répétitifs utilisés en fond sonore.

Pacifista2.jpg

Le procédé est intéressant d'un point de vue conceptuel, mais le revers de la médaille apparaît aussi rapidement que sa face: les dialogues plaqués sur la bande-son originale tuent la vérité du jeu des acteurs, la distanciation gomme le réalisme qui pouvait toucher, et le spectateur décroche. L'intrigue aurait pu préserver son intérêt mais reste trop fragile, ses détails noyés dans les effets de manche de Jancso.

La pacifista échoue ainsi dans la catégorie des films bâtis sur une idée pertinente mais insuffisante à elle seule pour passionner, et finit par ennuyer bien avant le générique de fin.

Dommage.

 

Note: 05/20

 

A noter: seul le générique de début (doublé en russe) était disponible sur YouTube

 

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26 mai 2011 4 26 /05 /mai /2011 17:57

ZombieStrippers.jpgZombie Strippers! ... Zombie strippers??? Le zombie, créature hideuse et anti-glamour, serait-il un adepte du déshabillage, voire du strip-tease? Et quel en serait l'intérêt? Jay Lee décide de nous faire profiter de ses connaissances - ou de ses intuitions - en la matière avec un film clairement axé sur la parodie et la série B au goût d'un Rodriguez ou d'un Tarantino qui disposerait de beaucoup, beaucoup moins de moyens que les réalisateurs/ producteurs de Machete et de From Dusk till Dawn [Une Nuit en Enfer] Manque d'argent n'implique pas forcément défaut d'imagination, et les surprises de tous ordres abondent dans ce qu'on aurait mauvaise foi à appeler un chef d'oeuvre, mais qui ne laissera à coup sûr personne - fans y compris - insensible.

Dans un futur proche - et maintenant alternatif, Bush en étant à son quatrième mandat -, une expérience viralo-chimique qui tourne mal et voilà une petite épidémie de zombie lancée.

Heureusement, l'escouade "Z" des marines est appelée pour juguler la menace et agit avec toute la délicatesse requise, massacrant à tour de bras les mort-vivants en vadrouille.

Las, un de ses membres, Byrdflough (Zak Kilberg), mordu in extremis, préfère la fuite à l'exécution sommaire par ses camarades et se réfugie dans un strip-club clandestin - oui, le politiquement correct a encore fait des progrès sous Bush 3, les lieux de perdition sont maintenant interdits - et voisin.

Dans cet antre de débauche se déshabillent lascivement pour le plus grand bonheur des mâles du coin quelques beautés de profils variés et intéressants: la pin-up intello blonde, Kat (Jenna Jameson, ancienne reine du porno "pour de vrai"), sa rivale brune, sa copine rousse (Penny Drake), Lilith la gothique (Roxy Saint), et quelques autres dont Jessy, la petite dernière fraîchement débarquée de sa cambrousse (Jennifer Holland)

ZombieStrip1.jpg

Ian, le patron du bouge (Robert Englund en personne - oui oui, notre Freddy préféré, aussi connu pour son rôle de lézard végétarien de V quand il n'est pas maquillé), est bien embêté quand Byrdflough égorge Kat en plein numéro.

Fort heureusement pour son business, elle revient bientôt à la non-vie, et les femmes mettant moins de temps à se décanter quand elles se transforment en zombie - l'information a été subtilement glissée dans les premières minutes du film -, Kat acquiert même des capacités sportives qui la transforment en déesse du pole et du lap dancing.

ZombieStrip2.jpg

De quoi en rendre ses petites camarades malades de jalousie, non? L'histoire ne fait bien sûr que commencer, car la zombie-star est partageuse...

Si le scénario a été travaillé, c'est dans les détails, pas dans l'intrigue général, ici un prétexte.

Jay Lee a en effet choisi de se poser dans la parodie, et s'y vautre à coeur joie: petites phrases allusives au contexte politique américain voire international, personnages ultra-stéréotypés cultivant la bêtise, le cynisme, la naïveté à qui mieux-mieux et sortant des réparties de haute volée intellectuelle à brûle-pourpoint.

Les effets spéciaux gore et zombie-style sont également bien travaillés, surtout dans les tenues des danseuses zombies. Têtes qui explosent ou sont fendues en deux, membres arrachés, musique hard et assumée: on reste dans le classique du genre.

ZombieStrip3.jpg

Les actrices ont été choisies pour leur jeu (bien sûr), mais également pour leurs mensurations. Les femmes semblant avoir pour défense naturelle de se débarrasser de leurs tee-shirts et pantalon en situation de danger - c'est en tous cas un des enseignements du film -, les séquences sexy ne décevront donc pas non plus.

Pour le reste, budget oblige, certains traitements très série B pourrissent quand même l'ambiance, le plus imposant gisant dans la composition très légère du commando "Z", du casting aux uniformes et à l'armement, en passant par les séquences de mitraillages qui combinent avec plus ou moins de bonheur lâchers de douilles, éclairs numériques et gigotages d'armes. De ce côté pas grand-chose à sauver, et c'est bien dommage. Pour trouver pire, se reporter néanmoins aux oeuvres de Noboru Iguchi (Kataude mashin gâru [The Machine Girl] par exemple)

Du coup beaucoup de défauts qui passeraient à l'as en temps "normal" ressortent dans le montage, les éclairages, l'inégalité de jeu entre certains acteurs. Dans certains cas on ne sait plus très bien si on patauge dans la caricature ou dans la mauvaise interprétation, mais on patauge, indéniablement.

Sans la prestation d'Englund, qui tient une bonne partie du film et navigue avec aisance dans les registres comique comme tragique, le naufrage était assuré, et le dévidage de cette surprenante association strip-tease et zombies, Eros et Thanatos "grotesquifiés" sombrait dans les ténèbres et l'irrémédiable médiocrité. Avec tout le fun et le mauvais goût jouissifs qui l'accompagnent.

Ouf, on est sauvés!

 

Note: 09,5/20

 

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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 17:32

CasinoJack.jpg2006: scandale à Washington. Jack Abramoff, un des lobbyistes les plus actifs du petit monde de la politique américaine, est impliqué dans un nombre croissant d'affaires louches qui éclatent au grand jour: escroquerie de tribus indiennes, embrouilles autour de casinos flottants, assassinat lié à la mafia. Les magouilles de tous ordres sortent au grand jour les unes après les autres, éclaboussant politiciens et hommes de pouvoir liés au parti républicain. Une histoire de choix donc pour l'industrie du film, qui sortira en 2010 deux long-métrages sur le sujet: un documentaire, Casino Jack and the United States of Money (d'Alex Gibney) et ce Casino Jack, de George Hickenlooper, avec un rôle de choix pour Kevin Spacey, celui d'Abramoff en personne. Le film se veut re-création de cette période bien agitée de la vie de cet homme d'influence aux mains sales sur un mode combinant humour satyrique et mise en perspective morale du monde politique de la colline du Capitole.

Jack Abramoff (Kevin Spacey) est un homme qui se veut le reflet des valeurs américaines qu'il professe, au premier rang desquelles il place une saine et vigoureuse ambition, pleinement assumée. Il légitime ainsi tous les éventuels débordements auquel il pourrait se laisser aller pour se placer, lui et sa famille, au rang à laquelle il estime avoir droit.

Et des débordements, il est en bonne position pour en provoquer. Lobbyistes des plus influents à Washington, il est l'interlocuteur favori de nombres de parlementaires - dont le chef de la majorité républicaine à la chambre, le néo-conservateur Tom DeLay -, comme de businessmen trop heureux de lui verser de l'argent qu'il retransmettra aux premiers pour financer leurs campagnes, en échange de lois ou de règlements qu'ils sauront faire passer ou bloquer au moment adéquat.

Casino1.jpg

Cette position d'intermédiaire dans des marchés moralement discutables s'adapte parfaitement à son cynisme, mais lui présente aussi des opportunités de plus en plus douteuses qu'il se fait un plaisir de saisir.

Ainsi se mêle-t-il de politiques internes au conseil d'une tribu indienne pour avantager les partisans de ses clients au détriment d'autres membres plus méfiants. Ou bien investit-il par le biais d'un homme de paille lié à la mafia dans des casinos flottants qu'il promeut par le biais de certains de ses contacts parlementaires.

Une floppée d'activités souvent aux limites de la légalité, mais où il se sent comme un poisson dans l'eau en compagnie de son camarade Michael Scanlon (Barry Pepper)

Casino2.jpg

Le rôle est taillé à la perfection pour Kevin Spacey, qui incarne dans la jubilation cet homme arrogant, soi-disant religieux, philanthrope, mais en réalité en perte totale de tous ses repères moraux.

Les autres acteurs jouent à sa hauteur et contribuent bien à cette évocation des années 2000, période de jouissance de la société de consommation américaine débarrassée de la menace communiste - et pas encore dans la "guerre contre le terrorisme".

Folie des grandeurs, perte des réalités, tout est possible pour qui le veut. Les repères sur ce qui est bien et ce qui est mal ont disparu, les nouveaux dieux sont l'argent et le pouvoir, dont les anciens sont devenus des prête-noms.

Qui ne partage pas ces valeurs est destiné à être écrasé, comme ces indiens considérés comme des imbéciles parce qu'ils persistent à vivre dans un esprit communautaire décalé avec le goût du jour.

Casino3.jpg

La réflexion sur le cynisme et l'hypocrisie généralisés dans ce milieu de la fin des années 2000 est pertinente et bien menée.

Le problème dans les films politiques racontant une "histoire vraie" tient souvent dans la complexité des intrigues, dont les coins et les recoins sont difficiles à rendre passionnant à un public habitué à des narrations linéaires et simplifiées.

Travestir la réalité pour la rendre plus lisible ou rester dans l'exactitude au risque de lasser?

L'option prise par Casino Jack est la seconde. Avantage donc à la vérité, mais hélas - hélas! - alourdissement considérable de l'intrigue. Les détails se multiplient, l'enchevêtrement des diverses affaires dans lesquelles plonge Jack - sans compter sa vie de famille - reste peu explicite pour qui n'est pas au fait des scandales en question.

Casino4.jpgOn en finit même parfois par ne plus distinguer ce qui est légal de ce qui ne l'est pas.

L'humour et les bons mots ajoutés pour compenser le manque d'action qui mine le film remplissent leur rôle de divertissement un moment, avant de devenir trop répétitifs, trop orientés toujours dans le même sens, finissant par nuire à la crédibilité de l'intrigue. Résultat: Casino Jack devient film à thèse, politicien, et non politique.

Dommage.

 

Note: 10,5/20

 

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 17:05

Git.jpgIl-gon Song est devenu l'un des réalisateurs coréens les plus renommés à l'étranger grâce à une voie plutôt originale de nos jours, celle du court-métrage. Il est ainsi le premier coréen à avoir obtenu un prix à Cannes pour Sopoong [Picnic] en 1999. Loin du style "sex and violence" maintenant bien connu chez nous des enfants terribles du cinéma coréen (Chan-Wook Park, Joon-ho Bong & Co), ses premières réalisations visent moins le marché commercial que celui du cinéma artistique en abordant essentiellement des thèmes personnels et sentimentaux. Son troisième long métrage, Git, ou Feathers in the Wind (en français: Plumes dans le vent), s'inscrit dans cette lignée de films asiatiques profondément romantiques où la première préoccupation n'est pas l'action, mais la rencontre et l'intensité des émotions - souvent cachées - des personnages.

Hyeong-seong Jang (qui joue son propre rôle) est un réalisateur en manque d'inspiration.

Hasard ou chance, une date approche, celle d'un rendez-vous qu'il a fixé il y a presque dix ans jour pour jour à sa fiancée d'alors, sur Jeju-do, une île coréenne, dans un hôtel où ils avaient passé des moments forts.

Sa fiancée l'a quitté il y a longtemps pour étudier en Allemagne, où elle a rencontré quelqu'un, mais Hyeong-seong tient à passer ces jours comme il le lui avait promis alors.

Il arrive à l'hôtel alors qu'une tempête s'approche de l'île. Il n'y a là qu'une jeune fille, So-yeon (So-yeon Lee) et l'oncle de celle-ci, devenu muet depuis que sa femme a mystérieusement disparu.

L'histoire est légère, le propos aérien. Il-gon Song est manifestement un adepte du discours indirect.

Feather1.jpg

Pour raconter l'évolution des sentiments des personnages, c'est le temps, les vagues, le vent qui servent de décor, ce sont les regards et les passe-temps qui sont filmés.

Des éléments baroques et magiques catalysent les émotions naissantes et le placent entre rêve et réalité: un paon, la fascination de So-yeon pour le tango... La musique, dérivée de cette fascination, répétitive et constante, prolonge et amplifie la transe.

Certains symboles sont un peu trop transparents, mais savent toucher au but.

Les personnages sont cadrés sans artifice, voire sans originalité. On en serait presque déçu. Mais l'île prend forme, le huis clos devient tangible, le mutisme de l'oncle se mue en tragédie, les liens entre Hyeong-seong et So-yeon s'ébauchent.

Feather3.jpg

Le sujet a beau n'être qu'une bluette, Il-gon Song en maîtrise les ficelles en douceur mais avec un doigté certain.

Choix judicieux: la grandiloquence si habituelle des comédies romantiques américaines est aussi étrangère au style déployé qu'elle l'est aux sentiments encore incertains, embryonnaires des protagonistes.

L'économie de moyens et d'effets, pleinement justifiée, devient un atout.

La plongée dans le romantisme est habile, et ces plumes dans le vent laisseront des traces.

 

Note: 13,5/20

 

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 17:47

TreeOfLife.jpg

La réputation de Terrence Malick était celle d'un cinéaste original, peu prolixe (cinq films en une quarantaine d'années) mais efficace. Jusqu'à son avant-dernière réalisation, plutôt ratée, The New World [Le nouveau monde] (2005), où il semblait tenté de se joindre à un style plus commun et, osons le mot, plus commercial. Aujourd'hui, Malick revient à ses fondamentaux avec The Tree of Life (l'arbre de vie) en les poussant plus haut, plus fort. Vous pensiez que Badlands [La balade sauvage] ou The Thin Red Line [La ligne rouge] n'allait pas assez loin dans l'exploration de l'âme humaine et de ses replis, dans l'exaltation du monde? Ce nouveau Malick comblera votre frustration. Un film donc ambitieux et radicalement différent, en-dehors des sentiers battus, porté par un élan poétique, voire mystique, et pétri d'une religiosité loin de toute tentation prosélyte.

Les années 50-60, dans une banlieue pavillonnaire américaine, une famille d'un couple et trois garçons. La vie de tous les jours.

Résumer plus avant The Tree of Life n'aurait pas de sens. En effet, avec ce film, le cinéma de Malick verse pleinement dans la transmission des ressentis, des émotions. Pas d'intrigue à proprement parler, mais une suite de flashs, de souvenirs parsemés de magnifiques séquences - très National Geographic - de cimes d'arbre (un grand classique), de déferlements de vagues filmées du dessous, de nébuleuses et de volcans, le tout assorti de musiques classiques ou/ et lancinantes, et ponctué de bribes de phrases exprimant les évènements immédiats vécus par les personnages.

Les aller-retours dans le temps et l'espace établissent le fil d'une logique et une base de réflexion. Pas - ou peu - d'enchaînements aristotéliciens de cause à conséquence, juste des ébauches d'informations sur des faits qui pourraient constituer un début de scénario construit.

Tree1.jpg

Mais non, inutile de s'accrocher, pas la peine d'imaginer un enchaînement introduction - développement - conclusion, The Tree of Life ne colle pas à ces schémas.

Le gamin au centre de l'histoire, Jack (Hunter McCracken, plus tard Sean Penn) est élevé par sa ravissante maman (Jessica Chastain), ses frères sont là, peu à peu s'impose un père (Brad Pitt) qui entend le préparer au monde et à ses vicissitudes et contre lequel se développe un douloureux Oedipe.

Des micro-évènements se développent autour de ce cadre, les plantes croissent, l'humain est ramené à sa posture de poussière centrale au milieu d'un univers toujours en évolution, le noyau familial s'y développe, tentative d'aggrégat de ces mêmes poussières...

 

Tree2.jpg

Pas de "grand plan", pas d'objectif pré-défini précis dans ce méli-mélo, mais l'amour, omniprésent à travers la mère - et en négatif par le père - qui donne un sens au tout.

A travers ces émotions basiques, la vie - et donc la mort -, le bien - et donc le mal - deviennent les protagonistes sublimés de l'histoire - si l'on peut parler d'histoire.

Les acteurs en chair et en os qui les incarnent sont tous excellents, et particulièrement - c'est à mentionner, car si rare - les enfants.

Le rythme lent et mesuré laisse le temps aux sensations de se développer.

A la réflexion aussi.

A chacun de revivre son parcours familial à l'étalon de la proposition de Malick. Et vous, combien de frères, combien de soeurs? Vos parents? L'introspection est subtile et inévitable. La trajectoire de cette famille serait-elle concevable de nos jours? La plénitude de ces souvenirs est-elle compatible avec l'environnement d'aujourd'hui? Difficile à croire, le monde a changé.

Tant que ça?

 

Note: 18/20

 

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18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 17:06

SourceCode.jpg

Saviez-vous qu'à la mort, la cerveau conserve pendant huit minutes toutes les informations de son environnement à des kilomètres à la ronde, y compris celles dont il n'a pas eu conscience et n'aurait même pas pu avoir connaissance? Hum... C'est en tous cas le principe sous-jacent de Source Code, le dernier film fantastique d'action et de suspense de Duncan Jones, fils de David Bowie, mais surtout réalisateur du thriller spatial à huis-clos et à succès Moon (2009) On change d'univers - nous ne sommes plus sur la lune mais à Chicago -, on change de production - américaine cette fois-ci. Le thème, lui, reste assez similaire et la tension aussi bien tenue et intelligemment alimentée que dans ce précédent long-métrage. Bref, une réussite.

Colter Stevens (Jake Gyllenhaal) est pilote d'hélicoptère en Afghanistan quand il se réveille dans un train de banlieue à destination de Chicago, qui plus est dans le corps d'un inconnu. Ca ne dure pas très longtemps puisque quelques minutes plus tard le train explose, envoyant Colter ad patres.

Colter se réveille, non pas au paradis, mais dans une petite capsule métallique du type capsule spatiale où apparaît sur une écran une femme en uniforme, Goodwin (Vera Farmiga) Celle-ci lui annonce qu'il va être renvoyé dans ce train et qu'il doit y découvrir le terroriste qui a posé la bombe.

Il se retrouve alors replacé au même moment que 8 minutes plus tôt, sans plus d'explication...

Bien entendu, celles-ci viendront avec le déroulement de l'histoire et au fil des renvois de Colter au même point de l'espace-temps, abreuvant le spectateur d'une sauce scientifico-fictionesque plus ou moins fantaisiste sur un petit air de Twilight Zone [La cinquième dimension]

SourceCode1.jpgEn ce qui concerne le rythme du film, on pense évidemment au scénario, original pour l'époque, de Groundhog Day [Un jour sans fin]*, dont les ressorts sont extrêmement similaires. La même séquence déclinée avec des variations de plus en plus conséquentes y offrait des opportunités faciles de comique (de répétition) et retendait à chaque fois le suspense. Les effets ici sont les mêmes, et fonctionnent aussi bien côté comédie que côté action.

Le suspense, qui constitue le ressort principal de Source Code, est traité sur le mode hitchcockien: un héros avec une mission qui se dessine au fil de l'intrigue, une rencontre avec une femme belle et mystérieuse (Michelle Monaghan), des séquences courtes avec fréquents plans rapprochés, le tout émaillé d'un humour qui se mêle aux rebondissements du film tout en ne remettant pas en cause leur sérieux.

SourceCode2.jpgUn Hitchcock habilement réjuvéné grâce à de petites touches sur différents personnages. La plus marquante se trouve dans le profil psychologique du docteur Rutledge (Jeffrey Wright, le Felix Leiter de Casino Royal et de Quantum of Solace), le responsable du projet de recherche pour lequel Colter et Goodwin travaillent. Un modèle atypique et très intéressant de méchant égocentrique, frustré et avide de pouvoir, en apparence au service de l'état et donc (?) du bien, mais en fait capable du cynisme le plus implacable quand ça arrange son avancement.

La fin est un peu incohérente - ceci dit qui comprend véritablement les mondes parallèles? -, mais si vous cherchez un thriller scientifico-fantastique qui vous tiendra en haleine une heure et demi sans vous prendre trop la tête, n'hésitez plus: Source Code est fait pour vous.

 

Note: 14/20

 

* Film dans dans lequel un journaliste, Phil (Bill Murray), a une tâche mystérieuse à accomplir. Tant qu'il n'y parviendra pas, il est condamné à revivre le même jour encore et encore - un Sisyphe revu et corrigé?

 

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16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 17:10

LaSource.jpg

Soyons clairs, Bergman fait peur. Pas par les histoires qu'il raconte, pas en faisant faire irruption à un chat dans une pièce au milieu de la nuit, pas en mettant des monstres en scène, mais par l'appréhension beaucoup plus prosaïque qu'on a de s'engager dans une salle obscure pour une heure trente, voire plus, pour subir un film glauque en noir et blanc avec actions et dialogues au ralenti, qui plus est en suédois. Jungfrukällan [La source] est conforme à ces craintes: une histoire qui n'inspire pas forcément la joie, filmée en noir et blanc avec des dialogues à couper au couteau. Et pourtant, et pourtant... magie du cinéma, fascinant numéro de prestidigitation: impossible de quitter l'écran une fois la machine lancée. Bergman est un maître, c'est indéniable.

Le scénario de La source est basé sur une ballade suédoise du XIIIème siècle, une histoire simple, emprunte de naïveté et de religiosité.

La jeune Karin (Birgitta Pettersson) est la fille de Töre (Max von Sydow), riche paysan, et de sa femme Marëta (Birgitta Valberg). Elle est aussi blonde, sincère, innocente et spontanée que sa soeur adoptive Ingeri (Gunnel Lindblom) est brune, jalouse, calculatrice.

Karin est envoyée porter des cierges à l'église du village en compagnie d'Ingeri. Arrivées à la forêt, les deux jeunes filles se séparent et Karin poursuit seule son chemin.

Dans une clairière, elle rencontre trois bergers avec lesquels elle partage son repas. Ceux-ci profitent de la situation, la violent et la tuent.

Poursuivant leur route, ils arrivent à la nuit tombée devant la ferme de Töre...

Virgin1.jpg

Bergman se penche dans ce film sur une multitude de thèmes: le passage du paganisme au christianisme, des temps barbares vers la civilisation, la justice, la culpabilité, le destin, Dieu, la nature du mal.

Des sujets fondamentaux que le réalisateur parvient à approcher notamment grâce à la simplicité de l'histoire. Celle-ci, que partagent les contes enfantins, a été lissée, polissée par le temps qui n'en a retenu que l'essence des faits et des sentiments.

Le style utilisé par Bergman entre en osmose parfaite avec cette pureté dans la ligne scénaristique. Le noir et blanc n'est plus absence de couleurs mais jeu entre la lumières et les ténèbres, la parcimonie des dialogues n'est plus pauvreté des idées mais affirmation des émotions, le silence n'est plus absence de sons mais mise en valeur des images.

Virgin2.jpg

Les symboles, omniprésents, mis en relief avec candeur, donnent au film la puissance émotionnelle que peut avoir le cinéma muet, sans verser dans la caricature récurrente du pantomime.

La sorcellerie et les hommages aux divinités païennes qu'utilisent Ingeri ou Töre prennent alors tout leur sens, révèlent leur mystique profonde, primale et élémentaire, comme le sera plus tard la mystique chrétienne, associée elle au sacrifice, à l'innocence, la naïveté mais aussi à la rédemption, incarnés dans la blonde Karine.

Magie et religion se mêlent aux sentiments humains, les pétrissent, les modèlent, les dirigent - ou bien est-ce l'inverse? et Bergman les transmet à merveille.

Les clichés qu'on a sur le style du réalisateur sont là: personnages qui ne se parlent pas directement, les moments de silence pesants et récurrents. Marquants, dérangeants, mais justifiés.

Rien à dire, si le cinéma parlant a été inventé, Bergman n'en avait pas besoin.

 

Note: 17/20

 

 

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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 17:59

TheEagle.jpgKevin Macdonald est écossais et fier de l'être. Il l'avait déjà revendiqué en filigrane dans le très bon The Last King of Scotland [Le dernier roi d'Ecosse], il retourne aux sources après des aventures cinématographiques plus classiques (State of Play [Jeux de pouvoir] par exemple) dans un péplum mettant en scène un jeune romain parti en mission chez les tribus sauvages au-delà du mur d'Hadrien, The Eagle [L'aigle de la neuvième légion] Opportunité d'un voyage dans le temps et l'espace au sein d'une Ecosse des anciens mythique, le film met aussi en scène l'affrontement des civilisations romaines et pictes et assimilés, un thème qui trouvera facilement un écho dans les mouvements politiques internationaux actuels.

Quand le jeune centurion Marcus Flavius Aquila (Channing Tatum) arrive en (Grande) Bretagne, ce n'est pas par hasard. Cette affectation sur un front dangereux et désolé, il l'a demandée dans un but précis, restaurer l'honneur de sa famille. Son père, en effet, était le commandant de la neuvième légion, engloutie vingt ans plus tôt dans les terres inconnues du nord avec son emblème impérial, un aigle doré devenu symbole de son déshonneur et de celui de Rome.

Depuis, l'empereur Hadrien a décidé de faire bâtir un mur pour délimiter la civilisation de la sauvagerie, les romains des barbares.

Ayant entendu des rumeurs sur la réapparition de l'aigle dans un temple d'une mystérieuse tribu au nord du limès, Marcus décide de se lancer seul à sa recherche, aidé par Esca (Jamie Bell), son esclave breton qui hait tout ce qu'il représente, mais qui lui doit la vie.

Le scénario de The Eagle est basé sur un roman historique pour enfants de 1954 de Rosemary Sutcliff, lui-même à l'origine d'une série de livres dans le même univers, et ça se sent.

Eagle4Les sentiments exaltés sont bien ceux qui faisaient le succès des ouvrages pour adolescents naguère: amitié, aventure, bravoure, honneur, et on n'ira pas au-delà, les personnages en accord avec le style: monolithiques, uni-dimensionnels. Le conflit interne qui pourrait survenir chez un protagoniste - si l'on a la chance d'y croire - est résolu avec d'autant moins d'ambigüité qu'il aura provoqué ces valeurs éducatives fondamentales.

Bien entendu, Kevin Macdonald n'est pas un adolescent attardé, il l'a suffisamment prouvé. Alors il essaie de trouver des biais pour donner à l'histoire de la profondeur.

L'exploration des protagonistes, le développement des personnages trouvent malheureusement vite leurs limites. Même Donal Sutherland, qui incarne un oncle de Marcus dans le film, a du mal à justifier son temps à l'écran - Macdonald aura sans doute tenté de lui accorder une importance proportionnelle à sa stature d'acteur au détriment de la cohérence du scénario, mais ça ne fonctionne pas.

Le réalisateur se rabat donc sur le réalisme et l'esthétisme, où il trouve de bonnes occasions d'exercer ses talents - et de sauver le film par la même occasion.

Eagle1.jpg

Les costumes d'abord ont été soignés: légionnaires et citoyens romains, guerriers des tribus écossaises - qui s'expriment en gaëlique pour l'occasion, leurs adversaires s'exprimant en anglais - sont (presque) plus vrais que nature.

Macdonald a ensuite filmé avec passion les glens,  monts, rivages et forêts écossais, ce qui pourra lasser les amateurs d'action pure mais crée un vrai climat de voyage et d'aventure.

Enfin, pour ce qui est de l'action en question, les combats, filmés et montés avec les mêmes techniques que Gladiator, utilisent des effets spéciaux habilement conjugués au jeu des acteurs/ cascadeurs.

Se concentrer sur ces éléments feront apprécier The Eagle sans pour autant le transformer en chef d'oeuvre, mais difficile de faire mieux sans remodeler de fond en comble le scénario.

 

Note: 11,5/20

 

Autres films de Kevin Macdonald chroniqués dans ce blog:
2009     State of Play [Jeux de pouvoir]
2006     The Last King of Scotland [Le dernier roi d'Ecosse]
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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 17:49

Caprica.jpgLe dernier monstre des séries télé, c'est bien sûr la version des années 2000 de Battlestar Galactica, une enfilade de 4 saisons et quelques miniséries qui nous jouèrent un space opéra placé dans un univers futuriste riche en références de toutes sortes, avec - pour une fois - une histoire qui se tenait et se développait sans faiblir. Un début, un milieu, une fin, c'est assez rare et méritoire dans ce milieu pour être signalé. Une fois terminée cette saga, difficile de la prolonger quand on en connaît la fin. Pour ne pas laisser perdre le filon, il était par contre possible de s'attaquer à ses origines. Comment était-on arrivé à cet affrontement humains-robots? Eh bien pas de problème, la prequel Caprica s'est aussitôt, une fois la série-mère terminée, proposée de nous en offrir l'explication. Avec les mêmes créateurs et producteurs exécutifs (Ronald Moore, David Eick et Remi Aubuchon) aux commandes, le tournage se fait au Canada et commence par un pilote qui sera poursuivi par des épisodes d'une quarantaine de minutes chacun. La série sera limitée à une saison, arrêtée pour audience insuffisante.

L'histoire retrace la naissance de ces fameux robots qui mettront en péril l'humanité, les cylons*, autour de deux familles de la planète Caprica, les Graystone et les Adama, 50 ans avant les évènements décrits dans Battlestar Galactica.

Daniel Graystone (Eric Stoltz), magnat de l'industrie électronique, a une fille unique Zoé (Alessandra Torresani) surdouée de l'informatique, mais également membre d'un réseau de terroristes religieux adorateurs d'un dieu unique - alors que la plupart des Capricans sont polythéistes.

Entraînée dans un attentat suicide, elle perd la vie en même temps que beaucoup d'innocents, dont la femme et la fille unique de l'avocat de la pègre Joseph Adama (Esai Morales), père de William Adama [le futur commandant du Galactica pour les connaisseurs]

Caprica1.jpgMais Zoé s'était créée avant sa mort un avatar hyper perfectionné dans un monde virtuel qui, sans connaître tous ses secrets, est une parfaite réplique mentale de son original.

Daniel Graystone récupére dans un premier temps cet avatar pour l'implanter dans un robot prototype qu'il compte fabriquer en série pour l'armement grâce à l'appui de la mafia Tauron, dont le conseiller n'est autre que Joseph Adama. Celui-ci, apprenant le rôle de Zoé dans l'attentat qui a décimé sa famille, décide de se venger des Graystone.

Et nous en sommes à peu près au troisième épisode.

Comme on le voit, le scénario, très compliqué, regorge de personnages réels et virtuels, d'univers parallèles qui en compliquent la lecture. A quoi s'ajoutent, s'il en était besoin, les revirements - vrais ou simulés - d'alliances entre les protagonistes.

Etant donnée la densité d'informations, les créateurs de Caprica auraient pu en faire plusieurs saisons, mais on sent que les décisions stratégiques sur l'avenir de la série ont pesé sur le développement des intrigues.

Caprica2.jpg

Un pilote molasson suivi d'un démarrage en trombe, puis d'un passage à vide sur quelques épisodes où on ne sait pas très bien où l'on va - certains personnages disparaissent brusquement de la scène pour réapparaître opportunément quelques opus plus tard - pour terminer quand même sur un final très réussi: le niveau des épisodes est très variable, et la cohérence globale n'atteint pas la qualité de la série mère.

Si la réussite technique, les effets spéciaux sont par contre parfaits, à l'image de ceux qui ont contribué au succès de Battlestar, les principaux atouts de Caprica gisent en fait dans les nombreux particularismes et les peaufinement de cet univers singulier mais néanmoins parallèle au nôtre, et donc créateur de questionnements sur ce dernier.

Caprica3.jpg

Préjugés racistes,  fanatisme religieux virant au terrorisme, mondes virtuels devenant nouvelles réalités, avancées de la robotique, grandes corporations toujours à l'appât du gain...

Ca ne vous dit rien? Tout est semblable, et pourtant tout est différent, et donc les mises en perspective sont riches.

Quant à l'épopée des cylons, si elle constitue bien la colonne vertébrale, le fil rouge de la série, elle est intelligemment placée en toile de fond des aventures des deux familles. C'est la cerise sur le gâteau qui ravira les fans de Battlestar, et pourra servir d'introduction aux néophytes.

 

Note: 13/20

 

* Qu'est-ce qu'un cylon? Pour ceux qui ne seraient pas familiarisés avec l'univers de Battlestar Galactica, ce mot ne signifiera pas grand'chose, mais pour les autres, c'est bien sûr les méchants (ou pas, ça dépend) robots qui mènent une lutte acharnée contre leurs anciens maîtres humains, sortes de Terminators dont l'intelligence varie en fonction du modèle et de la fonction, et dont la foi reste mystérieusement enracinée dans un dieu unique.

 

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