Les réseaux de prostitution et plus particulièrement la traite des filles de l'Est font les beaux jours des reportages télévision souvent aguicheurs, un peu moins ceux du cinéma. Sweet Karma, polar-thriller avec des couleurs de reportage, nous vient du Canada pour se placer sur ce terrain avec une histoire de vengeance utilisant de façon ambigüe les atouts de ce milieu sordide (belles filles souvent en déshabillés, violence sourde ou affirmée) pour mieux en dénoncer les vices, à l'instar des bon vieux polars des années 70-80.
Karma, c'est le prénom d'une jeune et belle russe muette (Shera Bechard) qui a perdu sa soeur Anna dans une filière d'immigration de jeunes femmes russes à Toronto dans de mystérieuses conditions. Le réseau en question prétend placer des jeunes femmes de l'Est comme domestiques chez de riches canadiens, mais en fait les condamne à rembourser des "frais" exorbitants en travaillant pour eux comme strip-teaseuses ou/ et prostituées.
La frêle Karma décide donc de remonter l'organisation en supprimant au passage tous les intermédiaires qui ont participé à la mort de sa soeur, et commence un périlleux et sanglant voyage.
Dans son résultat, le terrain sur lequel se place Sweet Karma reste incertain.
Reportage-dénonciation sur les pratiques des mafias de l'Est (et d'ailleurs) et des milieux louches qui y sont liés? Certes, le fonctionnement du réseau y est décrit minutieusement, des appâts déployés pour attirer les jeunes femmes jusqu'à ses différentes conclusions possibles en passant par des portraits variés des différents acteurs. Mais on est loin de la thèse ou du plaidoyer.
Film aguicheur dans la lignée du genre sexploitation soft des années 70-80? Aussi, par son style réaliste, classique et efficace, ses plans américains - on pense souvent aux séries américaines - comme par les multiples scènes et prises de vue déshabillées ou "sex and violence" quelquefois gratuites.
Thriller policier? Egalement, grâce à une construction du scénario qui multiplie les rebondissements de qualités diverses pour monter vers un final qui se veut percutant. Mais les scènes d'action sont souvent simplistes et peu réalistes.
Les talents d'Andrew Thomas Hunt, le réalisateur (dont c'est le premier film) tendent à se perdre en ne choisissant pas - et donc en ne poussant jamais à bout aucune de ces lignes directrices.
Le scénario n'est pas non plus exempt de défauts et comporte des incohérences et imprécisions dans les pourquoi des actions des personnages. Le fil de l'histoire se brise et hésite, à l'image du style de la réalisation. Pourquoi par exemple se débarrasser du méchant le plus impressionnant vers le milieu du film?
Mentionnons néanmoins l'actrice principale - Shera Bechard, ancienne playmate - dont c'est apparemment le premier long métrage, et qui tient de bout en bout un personnage difficile à incarner de façon crédible. C'est en grande partie grâce à sa prestation que le film ne tombe pas dans le ridicule.
En résumé, un film d'action aguicheur sur un thème contemporain, qui rappellera le standard du thriller des années 80, sans arriver à la hauteur de la moyenne des réalisations actuelles.
Note: 09/20