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16 février 2011 3 16 /02 /février /2011 19:50

RescueDawn.jpg

Et un film sur la guerre du Vietnam, un! Sur une histoire pas vraiment originale, l'évasion d'un pilote américain tombé entre les mains des forces vietnamiennes lors d'une mission de bombardement au Laos. Pas de quoi s'exciter a priori, si ce n'est la signature à la réalisation, promesse d'un éclairage qui sortira des normes: Werner Herzog, le créateur (entre autres oeuvres) d'Aguirre et de Fitzcarraldo, aventures dans lesquelles la jungle passe de décor à acteur principal, comme on pourrait s'y attendre pour Rescue Dawn. En cerise sur le gâteau, une vedette hollywoodienne dans le haut du panier dans le rôle du pilote en question, Christian Bale, alors entre deux Batman*. Alors, le mélange Herzog-Hollywood, ça prend?

Le sujet en question, Herzog le connaît déjà bien: il a tourné en 1997 un documentaire intitulé Little Dieters Needs to Fly, dans lequel il racontait l'épopée de Dieter Dengler, pilote US d'origine allemande capturé au Laos en 1966.

Rescue Dawn reprend cette aventure, pose des visages sur les noms, des images sur les mots.

Ici, Dieter Dengler, c'est Christian Bale, qui perdra un nombre de kilos impressionnant au fil de l'intrigue. Abattu dès sa première mission au-dessus du Laos, il est rapidement capturé, et après de sommaires mais efficaces tortures, envoyé dans un petit camp perdu dans la jungle.

Il trouve là quelques prisonniers faméliques qui ont tous perdu au moins en partie la raison. Plus débrouillard et dans un meilleur état moral et physique que ses co-détenus, il les pousse à monter une évasion contre des gardiens intraitables et dans un environnement terriblement hostile.

Rescue1.jpg

L'intrigue en elle-même est classique. Son intérêt réside essentiellement dans le fait qu'elle est basée sur une histoire vraie - même si on y sent la patte des scénaristes made in Hollywood. Elle contient donc des éléments, des détails qui la rendent plus vraisemblable, voire véridique que la plupart des films de second ordre sur le sujet.
S'ajoute à ce matériau de qualité initial le regard d'Herzog. Le réalisateur allemand s'intéresse bien plus aux hommes et à la nature - et pas forcément dans cet ordre-là - qu'à la politique. Aussi, pas de lecture stratégique ou de babillage sur les torts des uns et des autres. Herzog pénètre au coeur des hommes par l'intermédiaire des relations d'individu à individu, et grâce à ce regard réussit à transmettre la folie créée par l'enfermement et les privations à l'écran.

Notons à ce sujet les interprétations remarquables des camarades de Bale, parmi lesquels Steve Zahn (qui joue Duane) et Jeremy Davies (Gene), qui concrétisent l'état de délire semi-permanent dans lequel baignent les prisonniers.

Rescue2.jpg

La jungle est omni-présente, mais n'envahit l'écran que dans la dernière partie de Rescue Dawn, pendant l'évasion proprement dite. Magnifiquement filmée - on retrouve là le rythme et l'ambiance de certains passages d'Aguirre par exemple; on pense également à The Thin Red Line [La Ligne rouge] de Malick - comme Herzog sait le faire.

Reste que ce basculement plus fidèle aux fondamentaux du réalisateur déstabilise le film en l'entraînant vers le genre dit "d'auteur" à partir d'une trame qui suivait jusqu'alors un fil plus hollywoodien.

Rescue3.jpg

L'équilibre entre un traitement destiné à un public américain "mainstream" et un plus personnel, et qui jusque-là restait dans l'ombre se rompt au profit du second - à mon avis plus intéressant, bien que cette rupture soit déstabilisante.

Le final marque malheureusement un nouveau virage, cette fois-ci vers le style hollywoodien. Un changement de style compréhensible intellectuellement - désamorçage de possible récupération politique et insistance sur la libération de Dieter - mais à nouveau déstabilisant parce qu'on se dirige là encore vers une réécriture dans la pure tradition américaine.

Cette valse-hésitation entre plusieurs genres nuit hélas à l'unité du tout. Il faut savoir choisir!

 

* Batman Begins (2005) et The Dark Knight: le Chevalier noir (2008)

 

Note: 12,5/20

 


 
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15 février 2011 2 15 /02 /février /2011 18:59

Contesdelagedor.jpgGood Bye Lenin! et Sonnenallee nous avait replongés derrière le rideau de fer sur le ton de la comédie nostalgique, La vie des autres avait abordé aussi le quotidien des pays de l'Est, toujours en RDA, sur l'air du drame psychologique. Amintiri din epoca de aur [Contes de l'âge d'or], lui, chante la Roumanie de l'ère Ceaucescu et ses couacs par le biais des légendes urbaines locales de l'époque, révélatrices de l'ambiance policière et peu glamour d'alors.

Six histoires (dans la version longue) indépendantes réalisées par différents réalisateur roumains composent la symphonie en question.

La "légende des vendeurs d'air" décrit une arnaque minable mais plus rentable qu'un travail "normal" montée par deux jeunes émules de Bonny and Clyde pour gagner de l'argent.

Celle "du conducteur de poulets" raconte la dérive d'un chauffeur routier détournant une partie de son chargement, détournement qui ne nuit à personne mais est tout de même sanctionné.

"La légende de la visite officielle" se concentre sur les efforts insensés de la population d'un petit village pour se montrer à la hauteur requise face à la visite annoncée de dignitaires.

Dans celle "du photographe du Parti", nous suivons un de ces fameux photographes-maquilleurs confronté aux problèmes soulevés par une rencontre entre Ceaucescu et Valéry Giscard d'Estaing.

"L'activiste du Parti", lui, part dans une campagne de combat incertaine contre l'illétrisme.

Enfin, "la légende du policier avide" montre un de ces fonctionnaires, borné mais sûr de lui, aux prises avec un cochon vivant, réserve de nourriture idéale pour les fêtes mais difficile à trucider en toute tranquillité.

Contes3.jpg

Malgré la multiplicité de regards de tous ces réalisateurs émerge un ton commun qui fournit une agréable cohérence à l'ensemble.

Les travers bien connus des démocraties populaires - toute-puissance du parti, bureaucratisation à outrance, police omniprésente - fournissent, il est vrai, un terrain de jeu idéal à la satire et à un humour feutré dont pas mal de nuances échapperont certainement à des esprits occidentaux peu aux faits de la vie quotidienne des Roumains sous le règne du Conducator. Humour par contre familier aux habitués des satires bureaucratiques venues d'autres pays de l'Est, à la Bulgakov par exemple (voir ou revoir à ce sujet le téléfilm russe Sobachye serdtse [Coeur de chien])

En fond de toile, c'est l'affrontement entre une machine implacable et absurde, et des hommes qui tentent de s'y plier ou de se faufiler entre les mailles du filet pour vivre, vivre tout simplement.

Contes1.jpg

Dans cette optique, les personnages sont tous remarquablement humanisés, du paysan qui se moque complètement des blablas politiques - qui manque de conscience de classe, en bonne langue de bois - jusqu'aux cadres du parti, qu'un retour de balancier peut au bout du compte mettre autant sous pression qu'un modeste quidam.

Dans ce combat de l'homme contre la machine, de la vie contre la peur, le premier ne gagne pas toujours. Tout n'est pas rose, et la police veille. La confiance, entraînant avec elle la fraternité et l'amour, sont les premières victimes de cette bataille (les dernières répliques de "la légende des vendeurs d'air" sont implacables là-dessus)

Mais vaille que vaille, l'humain, même docile, s'étale, déborde. Par la grâce du système D, de la réalité ignorante des discours politiques,  d'un cinéma porteur de nouveaux horizons, de la nature hors de la lutte des classes... Et la machine dérape, quand elle ne se prend pas les pieds dans ses propres lacets, pour le plus grand plaisir de tous.

Contes2-copie-1.jpgDevant les contorsions élaborées pour échapper à des règles absurdes, on finit immanquablement par se poser la question de ce qui est plausible et de ce qui ne l'est pas.

Hors sujet! Cette question est inhérente à toute bonne légende urbaine qui se respecte.

Qui plus est, présenter ostensiblement ces historiettes comme des légendes de cet "âge d'or" autoproclamé, en plus de désamorcer polémiques stériles et procès en véracité, achève de brouiller les limites entre vérité et fiction, place le film hors du champ du réquisitoire politique, et autorise rire, charme et poésie.

Encore le meilleur moyen de compatir aux malheurs des Roumains des années 70-80.

 

Note: 16,5/20

 

 


 
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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 15:13

LApprentiSorcier.jpgDisney fait souvent dans le clinquant - on ne lésine pas sur les moyens - , toujours dans l'aseptisé - pas de sang, pas de sexe, les méchants seront punis et les gentils récompensés. De ce côté-là au moins, The Sorcerer's Apprentice [L'Apprenti Sorcier] ne décevra pas. Pas de surprise, les règles y sont suivies, et s'en plaindre procèderait de la mauvaise foi, même si le politiquement correct fait grincer. Pour compenser, effets spéciaux à la queue-leu-leu, comédiens réputés, Nicolas Cage en tête, humour et magie... et pourtant le film n'arrive pas à accrocher. Alors, Mickey, tu as perdu ta formule magique?

Il faut déjà dire que l'histoire ne commence pas simplement. Un petit résumé introductif nous présente les trois disciples de Merlin, le gentil Balthazar (Nicolas Cage), la gentille Veronica (Monica Bellucci eh oui) et le méchant Maxim Horvath (Alfred Molina, qu'on avait déjà remarqué dans   Prince of Persia: Sands of Time)

A la suite d'un combat homérique, Véronica et Morgana, la némésis de Merlin (méchante donc), ont été enfermées dans une même poupée russe en attendant le prochain magicien qui pourra éliminer ladite Morgana pour toujours.

Ca aurait pu faire un film en soi, c'est expédié en quelques minutes avec voix off à l'appui parce qu'il faut vite un héros jeune et fringant pour accrocher le public Disney. Logique marketing imparable mais aux conséquences néfastes sur la légèreté du propos.

Apprentice1.jpgCe jeune héros, ce sera Dave (Jay Baruchel), qui va découvrir dans cette aventure la magie, son mentor Balthazar, un destin fabuleux, et au passage l'amour en la personne de Becky Barnes (Teresa Palmer), béguin d'enfance contrarié.

Un copain/ faire-valoir noir (quota oblige sans doute) de Dave fait quelques apparitions sans intérêt avant de disparaître sans plus d'explication.

A partir de là, vous devinerez sans peine le reste de l'intrigue à quelques fioritures prêt, et ne vous tromperez malheureusement pas.

Si les trucages et effets spéciaux sont bien maîtrisés, on ne saurait en dire autant des comédiens - il est vrai mal servis par un scénario sans surprise et souvent peu cohérent.

Apprentice2.jpg

Mis à part Molina, qui remplit correctement le personnage d'un méchant excentrique, Cage est assez plat, Baruchel joue un nerd peu convaincant à la voix in-sup-por-table (enfin en vo) et Palmer reste inexploitée dans le rôle de "love interest".

Résultat, l'aventure devient un enchaînement d'effets spéciaux tentant d'égayer l'attente des trop rares interventions du méchant.

Quelques clins d'oeils humoristiques éclairent malgré tout le tableau, notamment un remake de la scène du nettoyage de la maison par Mickey apprenti sorcier dans Fantasia.

Des pépites semées trop parcimonieusement hélas pour amener l'intérêt à un niveau satisfaisant. 150 millions de dollars quand même...

 

Note: 10,5/20

 

 


 
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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 15:12

Assembly.jpg

Encore peu de films de guerre se sont intéressés aux conflits dans lesquels s'est illustrée l'Armée Populaire de Libération chinoise, et tout particulièrement en prenant le point de vue chinois. Ji jie hao (traduit en français par Héros de guerre) est l'une de ces exceptions, qui plus est à gros budget. Une curiosité donc par le sujet qu'il aborde, construit pour être un blockbuster, il tente sur ce terrain quasi-vierge d'éviter les travers du film de propagande et de récupérer au mieux les recettes techniques déjà éprouvés dans de nombreux long métrages occidentaux.

L'histoire d'abord. Nous sommes en 1948, la guerre civile entre l'Armée Populaire de Libération (ou APL) et les forces du Kuomintang bat son plein.

Le capitaine Gu Zidi (Hanyu Zhang) dirige une compagnie déjà durement éprouvée par sa dernière escarmouche.

Envoyée tenir un point du front alors que son régiment bat en retraite, son unité affronte des troupes nationalistes énormément supérieures en nombre comme en matériel avant de se faire tuer jusqu'au dernier. Seul le capitaine survit.

Commence alors pour lui un autre combat, long et difficile, pour réhabiliter la mémoire de ses camarades considérés disparus, tout comme lui.

La première moitié du film, concentrée sur l'affrontement entre la compagnie de Gu et les forces nationalistes, est typique du film de guerre des années 2000. Les prises de vue et les scènes d'action, sur le modèle des séquences de ses grands frères Saving Private Ryan et du film coréen Taegukgi hwinalrimyeo [Frères de sang], sont dans les tons froids et gris, la tenue de la caméra est hachée façon reportage pour intensifier l'impression de chaos de la bataille, les blessures et les explosions ne font pas dans le détail, on ajoute des effets spéciaux pour monter la sauce. Rien à dire donc, du beau travail.

Assembly3.jpg

Côté historique, il est intéressant de voir un point de vue intérieur sur l'armée chinoise à l'oeuvre, les tactiques et les armes qu'elle emploie: explosifs fabriqués ou trafiqués sur place, armes russes ou de provenances diverses, cocktails molotov... une grande partie de l'organisation est visiblement laissée à la débrouille et à l'initiative sur le terrain.

La vision des officiers politiques frappe également. Ils sont ici présentés moins comme tenant de la ligne politique ou idéologique de la troupe (à la soviétique, pourrait-on dire) que comme adjuvants réellement utiles au moral des soldats: pratiquement les seuls à savoir lire et écrire, ils permettent aux hommes de troupe de conserver un lien - même illusoire - avec leurs familles.

Un passage sur la guerre de Corée flirtant avec le comique illustre la vision que peuvent avoir les soldats chinois sur leurs équivalents américains.

Assembly2.jpg

Sur le plan de l'intrigue, Xiaogang Feng, le réalisateur, évite intelligemment le piège du film de propagande trop flagrant mettant en avant les buts et la réthorique habituelle autour des histoires des héros de l'APL.

Les motivations politiques des troupes côté populaire comme nationaliste ne sont pas explorées, et le héros Gu Zidi comme ses hommes ne les évoquent jamais, même indirectement. Seuls comptent pour lui l'observance des ordres, la camaraderie et l'héroïsme. Pas de gentil, pas de méchant.

Même la guerre en tant que telle, certes vue comme une épreuve, n'est jamais critiquée en tant que telle.

D'où un certain déséquilibre dans la psychologie des personnages: pour quoi, pour qui combattent-ils? Pourquoi tous ces sacrifices, ces efforts et ces morts?

Assembly4.jpgL'obéissance aveugle de tous semble acquise, mais posera tout de même un problème de manque de perspective à un spectateur occidental de nature peut-être trop indisciplinée.

La seconde partie du film, composée de parties disparates jalonnant le trajet de Gu après l'ultime combat de ses hommes, manque d'unité et tue le rythme induit par ce qui précédait, même si certaines scènes restent touchantes.

Là aussi, les motivations du héros restent très uni-dimensionnelles et toujours dans le politiquement correct, jusqu'à un final peu surprenant.

Pour résumer, Ji jie hao laisse donc un souvenir mitigé. De bonnes scènes d'action sur un théâtre de guerre original dans une première partie, enchaînée à une seconde plus cahin-caha, le tout baignant dans une consensualité qui évite de se poser des questions.

 

Note: 12/20

 

 


 
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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 15:42

TwoFor1.jpg

Dix ans de vie en couple, c'est un anniversaire, ça peut aussi être un cap difficile à passer. Dans Two for the Road, Stanley Donen, le réalisateur de Singin' in the Rain, fait traverser à un couple modèle incarné par Audrey Hepburn et Albert Finney cette décade de rencontres, de joies et de complicité, mais aussi de disputes et de fossés qui se creusent. L'amour sera-t-il le plus fort?

Joanna (Audrey Hepburn) et Mark Wallace (Albert Finney) sont mariés, ont une petite fille, et ne s'entendent plus du tout, même s'ils doivent se rendre ensemble dans le sud de la France pour l'inauguration d'une maison dont Mark est l'architecte.

Cette route, ils l'ont souvent parcourue. C'est même là qu'ils se sont rencontrés, dix ans plus tôt. Mark avait perdu son passeport, Joanna l'avait trouvé, et ils avaient suivi le même chemin pour finir par ne plus se quitter.

Retracer cette voie est l'occasion pour le couple de revivre cette rencontre d'abord, mais aussi les autres voyages qu'ils y ont faits: avant la naissance de leur fille. Après. Leurs aventures. Leurs rencontres.

Peu à peu les flashbacks s'accumulent, se croisent et se recroisent, toujours sur cette même route, pour tisser l'histoire d'un couple banal et attachant justement parce que banal.

TwoFor3.jpgFinney joue le type de l'homme-enfant, immature, impulsif, qui refuse de grandir et de perdre sa liberté. Audrey Hepburn incarne avec son charme habituel la femme amoureuse, charmante, timide mais volontaire.

Les circonstances ont changé dans le couple, mais les lieux traversés sont les mêmes et réveillent les bons moments comme les blessures.

La route devient l'image de la vie dans ce trajet des côtes de la Manche aux plages de la Méditerranée, à travers une France des années 60 qui fleure bon la campagne: ses champs, ses villages et ses châteaux.

A mesure que le couple se rapproche de sa destination finale, les malentendus se précisent, le portrait s'affine, la situation s'explique.

TwoFor2.jpgLes circonstances charmantes qui avaient soudées le couple dans son premier voyage ne sont évidemment plus les mêmes. Les plaisirs qui ont soudé ces deux êtres étaient empreints d'une simplicité et d'une rigueur qui ont disparu. L'heure est à l'oppulence bourgeoise, à la lassitude, à l'ennui, à l'indifférence.

Les liens tissés sont-ils condamnés à disparaître, resteront-ils tels quels ou bien pourront-ils évoluer vers une compréhension différente mais tout aussi forte?

La réponse de Stanley Donen dans son analyse des rapports de ce couple en difficulté touche juste, et ce jusqu'à un dénouement savoureux.

L'originalité du film réside dans la superposition de tous ces voyages à des époques différentes sur un même trajet physique.

Le procédé est intellectuellement convaincant, mais pêche un peu dans sa réalisation, car on peut peiner à se repérer dans les différentes époques du couple Finney/ Hepburn. Difficile, il est vrai, de faire comprendre instantanément les divers flashbacks en restant réaliste. Le problème me semble le plus flagrant sur le personnage de Mark dans son premier voyage, où il tombe dans une caricature peu convaincante. Mais peut-être ces errements reflètent-ils les souvenirs des protagonistes.

Au final - et aidés par la musique d'Henri Mancini - ces défauts sont donc oubliés. Reste la peinture délicate et entraînante du trajet sentimental d'un couple sur dix ans. Amour, lassitude, disputes, réconciliations, amour... Un agréable programme où cette nostalgie des moments passés se mêle aujourd'hui à celle des paysages et des habitants de la France d'il y a cinquante ans.

 

Note: 14,5/20

 

 


 
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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 17:23

Training-Day.jpgPetit polar de derrière les fagots, Training Day nous entraîne dans le Los Angeles des dealers et des flics qui les traquent, un territoire déjà exploré dans ses coins et ses recoins. Un scénario classique tenu à bout de bras par la performance de Denzel Washington, en l'occurrence dans le rôle d'un flic en eaux troubles.

Le prétexte? Jake Hoyt (Ethan Hawke), jeune flic bien sous tous rapports, a l'opportunité de joindre la brigade des stupéfiants de Los Angeles, une occasion inespérée d'accélérer une carrière plutôt plan-plan. Il va donc passer une journée-test aux côtés de son responsable, Alonzo Harris (Denzel Washington), à apprendre les ficelles du métier, ficelles qui se révèlent de plus en plus troubles à mesure que le jour avance.

Au-delà d'une intrigue classique, l'initiation d'un novice aux règles d'un jeu plus difficile que prévu, Training Day s'attaque au thème nietzschéen non moins classique de "qui combat trop longtemps le dragon devient dragon lui-même".

L'essentiel du message est porté par le rôle d'Alonzo Harris, image d'un Jake Hoyt avec une quinzaine d'années de métier de plus, des années qui l'ont peu à peu rongé, pourri jusqu'à lui faire oublier les lignes blanches.

Training1.jpgDenzel Washington porte ce personnage dévoyé et roublard avec maestria, l'enrichissant de mille et une facettes qui le rendent chacune un peu plus crédible et attachant.

Le charme qu'il déploie parvient de manière bien compréhensible à faire vaciller les certitudes du policier débutant et à entraîner ce derniers dans ses aventures douteuses.

Quand accepter de faire une croix sur ses idéaux? Quels sont les compromis acceptables dans la lutte contre le crime?

Les regards croisés entre Jake et Alonzo sont empreints de l'admiration et de la confiance de l'élève, de la nostalgie du maître qui se revoit jeune et plein d'idées nobles et généreuses.

Training2.jpgPassées les interprétations remarquables de Washington et de Hawke, avouons néanmoins que le scénario n'est pas très convaincant, et la fin facile et peu réaliste.

La réalisation fait dans le classique et l'efficace, rien à dire.
Training Day est donc un de ces polars qui vous feront passer une bonne soirée télé assurée mais sans grande surprise.

 

Note: 12/20

 

Trailers vf et vo:


 
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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 16:20

Swan6A la lecture du synopsis - la lutte d'une ballerine pour obtenir et jouer le rôle de sa vie - j'imaginais une sorte de Showgirls, le malheureux flop de Verhoeven, transposé dans le milieu du ballet. C'était sans compter sans Darren Aronofsky, à qui l'on doit déjà notamment l'inoubliable Requiem for a Dream et le plus récent The Wrestler, et sans Natalie Portman, qui réalise là très certainement la meilleure performance d'une carrière pourtant déjà conséquente. Inclassable, prenant, perturbant, pathétique, noir et pourtant libérateur, Black Swan épuisera vos meilleurs qualificatifs.

L'intrigue d'abord: Nina (Natalie Portman) respire, mange, boit, dort, vit pour le ballet, sous le contrôle étouffant de sa mère Erica (Barbara Hershey)

La compagnie dans laquelle elle danse va monter le Lac des Cygnes et cherche son Odile/ Odette, une danseuse qui devra être  capable d'interpréter aussi parfaitement l'innocence et la pureté de la première que la sensualité et la perversité de la seconde. Le directeur de la compagnie, le tyrannique Thomas Leroy (Vincent Cassel), choisit Nina, tout en sachant qu'elle n'est pas prête psychologiquement pour le second rôle, celui d'Odette, le cygne noir.

S'engage alors pour Nina une course contre la montre, contre d'éventuelles rivales toujours à l'affût, contre les doutes de son directeur, contre elle-même, aussi et surtout, pendant que son équilibre mental se détériore peu à peu devant la pression.

Black Swan, présenté par certains comme un thriller, comme un drame psychologique, par d'autres comme un film fantastique - voire d'horreur -, conjugue effectivement ces genres et bien d'autres encore, grâce à la maîtrise complète d'Aronofsky, qui oriente tout vers la préparation d'un final percutant.

Swan5

Maîtrise dans la technique, déjà admirable dans Requiem for a Dream dont on retrouve l'inspiration ici, qui associera le spectateur aux émotions de Nina dès les premières minutes (abondance de plans serrés par exemple). Qualité indispensable d'ailleurs si on veut jouer avec tant de miroirs que ça dans un film.

Maîtrise du sujet de ce milieu si particulier des ballets, visible dans les détails de la préparation des chaussons de danse comme dans l'organisation des scènes de répétition.

Maîtrise de la direction d'acteur, visible jusque dans les seconds rôles, parmi lesquels -excusez du peu - Wynona Ryder et Mila Kuni.

Maîtrise des effets spéciaux, où le hasard n'aura pas de place, pour organiser la montée progressive des doutes et du déséquilibre de la ballerine jusqu'au dénouement.

Swan4.jpg

Quand celui-ci se déclenche, la spirale suivie par Nina arrache et balaie tout sur son passage pendant les vingt dernières minutes du film dans un maelström d'émotions aussi contradictoires qu'imprévisibles, toujours plus haut, toujours plus fort.

Tout ceci pourrait rester à l'état embryonnaire sans la prestation de Natalie Portman, qui éclipse par sa présence des partenaires pourtant brillants - dont Vincent Cassel, parfait dans son rôle de directeur prêt à tout pour parvenir à ses fins.

Une difficulté que rencontrent les acteurs à ce niveau et à ce degré de notoriété est de parvenir à faire oublier leur passé, les vieux personnages qu'ils ont été et qui polluent l'appréhension du nouveau.

Ici, la question ne se pose pas: Portman disparaît, vive Nina la ballerine!

Oubliés The Other Boleyn Girl, V For Vendetta, My Blueberry Nights pour ne citer que certains de ses "vieux" exploits.

Et n'oublions pas la musique de Tchaïkovski, retravaillée ici par le partenaire habituel d'Aronofsky sur le sujet, Clint Mansell. Celle-ci enlace - au piano de répétition comme à l'orchestre - le spectateur presque sans interruption pour le mettre toujours plus en osmose avec Nina

Sur le fond, les thèmes variés abondent: on pourra relever l'artiste, son ego et sa soif d'absolu, les parents possessifs, le passage à l'âge adulte, les liens directeur artistique-artiste...sans oublier la mise en perspective avec le Lac des Cygnes proprement dit. De quoi alimenter bien des réflexions après tant d'émotions.

Pas de doute, après Black Swan, vous ne verrez et n'écouterez jamais plus le Lac des Cygnes comme avant.

 

Note: 18/20

 

 

 
Swan1

 

Autres films de Darren Anorofsky chroniqués dans ce blog:
The Fountain (2006)
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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 13:37

resident1.jpgAprès Resident Evil, Resident Evil: Apocalypse et Resident Evil: Extinction, vient Resident Evil: Afterlife, un Résident à la sauce 3D, c'est la mode! Toujours à partir du jeu vidéo, toujours avec Milla Jovovich, toujours avec la méchante Umbrella Corporation et ses zombies-monstres à base de virus gore. Et cette fois-ci, certains héros ne meurent pas à la fin. Alors à quand le volume 5?

Evidemment, pour ceux qui auraient suivi le dernier épisode, une suite semblait difficile, pas seulement à cause du sous-titre (Extinction), mais parce qu'à la fin Alice (Milla Jovovich) devenait une super woman à 3000 clones tous bourrés de virus T et donc capable de détruire tous ses ennemis en un clin d'oeil.

Donc ce problème évacué en 5 minutes, tous les clones meurent sauf l'original (ouf!) qui perd la plupart de ses abilités, et on repart sur de bonnes bases pour un nouvel épisode.

Pour résumer l'intrigue principale du film, Alice échoue dans une prison assiégée par des zombies-monstres en compagnie de Claire Redfield (l'Ali Larter de  Heroes, déjà présente dans Extinction) Elles y découvrent quelques survivants qui y végètent depuis un temps indéterminé, parmi lesquels le frère de Claire: Chris (le Wentworth Miller de  Prison Break, pour qui décidément le destin cinématographique semble être la représentation de l'univers carcéral - c'est le gag du film) et d'autres personnages qui serviront bientôt de chair à pâté aux entreprenants mutants de la Corporation.

resident2.jpg

Les personnages étant trop peu approfondis, on n'a pas vraiment le temps de compatir qu'ils sont déjà découpés en petits morceaux, c'est dommage.

Du point de vue technique, on reste dans la norme du film d'action du moment. Moins de gore quand même que dans les épisodes précédents parce que moins de monstres vus de près.

La 3D, principal intérêt d'Afterlife, est exploitée principalement par l'emploi généralisé de perspectives en profondeur et l'abus de ralentis dans les combats avec armes de tous poils.

C'est bien maîtrisé, joli et assez impressionnant, on retrouve - encore - les effets qui ont fait le succès de Matrix. On a l'occasion d'admirer une fois de plus la plastique de Jovovich et de Larter.resident3.jpg

La répétition à outrance des ralentis fini néanmoins par briser le rythme qui caractérisait la série et surtout ne compense pas le manque d'originalité du scénario. Trop de technique tue l'action.

Espérons que l'épisode 5 - qui devrait commencer par un combat homérique s'il se fait, comme les développements de l'histoire semblent le promettre - sera plus travaillé sur ce point.

 

Note: 10/20

 

 


Je ne résiste pas à ajouter la parodie du trailer qui constitue à elle seule une bonne analyse du film:


 

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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 17:50

Sympathy1.jpgL'origine du mal est vraiment le sujet qui travaille Chan-Wook Park, le réalisateur de l'excellent Oldboy. Ce dernier est justement le second - et le plus connu - des volets d'une trilogie sur le thème de la vengeance, qui commence avec Sympathy for Mr. Vengeance*. Thriller captivant sorti en 2002, celui-ci révèlait déjà tout le talent qu'est capable d'afficher le cinématographe coréen.

Le jeune et sourd Ryu (Ha-kyun Shin), ouvrier dans une usine dirigée par le président Park (Kang-ho Song, le prêtre vampire de Bakjwi [Thirst, Ceci est mon sang]), se fait licencier.

Sa soeur est malade et a besoin d'un rein. Malheureusement celui de son frère n'est pas compatible, et Ryu décide de s'adresser à des trafiquants d'organes qui en fait lui volent un de ses reins et son argent. Désespéré, il décide alors avec son amie Cha Yeong-Mi (Doona Bae) d'enlever pour quelques jours la toute jeune fille de Park afin d'obtenir une petite rançon qui permettra de payer l'opération de sa soeur.

Mais n'allons pas plus loin dans l'intrigue, une partie de l'intérêt du film résidant dans ses développements - et pour vous rassurer sur ce point, des développements il y en a.

Car Chan-Wook Park, comme de coutume, ne mégotte pas sur la forme comme sur le fond. Tout ce qui sert l'intrigue et permet d'approfondir les caractères des personnages est montré, représenté, disséqué, exploré avec l'hyper-réalisme caractéristique de ce cinéma coréen qui n'en finit pas de monter.

Sympathy2.jpg

Dans ce rythme qui prend son temps, le jeu des acteurs fait passer à merveille toutes les émotions qui traversent les sanglantes et infortunées trajectoires des protagonistes, au besoin dans de longues scènes sans paroles mais jamais gratuites. Amitié, amour, haine, compassion, indifférence, bonheur, tristesse, désespoir... le spectateur prend tout en plein visage pour le meilleur et pour le pire.

Car cette fois les héros ne sont pas des monstres froids et sanguinaires, comme le Kyung-Chul du Akmareul boatda [I saw the Devil/ J'ai rencontré le diable] de Ji-Woon Kim par exemple, mais des hommes et des femmes à l'origine ordinaires, plutôt faibles, honnêtes, inoffensifs, bref le vous et moi du spectateur lambda.

Ce sont les épreuves, les mensonges, les tortures qui les feront peu à peu évoluer pour leur faire accomplir ce qu'ils n'auraient jamais envisagé, pour accompagner ce même spectateur lambda sur des territoires qu'il aurait - et aura - du mal à visiter.

Evidemment le réalisme qui accompagne cette plongée dans une spirale destructrice où le sang appelle le sang, facilite l'expression d'une violence souvent insoutenable. Chan-Wook Park ne prend pas de gants. Et même si cette crudité facilite l'émergence de véritables moments de poésie dans des passages des plus improbables (pour ceux qui auraient vu Sympathy for Mr. Vengeance, je n'évoquerai que la scène de l'ascenseur, petit bijou de cinéma de deux minutes tout au plus), le film n'est pas à conseiller aux célèbres "âmes sensibles".Sympathy3.jpg

Résultat de cet impitoyable voyage: sous les coups du destin, des drames, sous le poids du sang et de toute cette violence sourde ou explosive, c'est selon, avec cette vie qui persiste à vouloir exister en dépit de tout, au milieu de ces personnages si attachants parce que si humains, le spectateur est brinquebalé entre des émotions violentes et contradictoires qui le laissent au bout du compte lessivé, exsangue - étourdi. Et pensif.

Une expérience que trop peu de films sont capables de procurer.

 

Note:16,5/20

 

* le dernier volet en est Chinjeolhan geumjassi [Lady Vengeance] (2005), dont nous parlerons dans une future chronique

 


 

Autres films de Chan-Wook Park chroniqués dans ce blog:

Bakjwi [Thirst, Ceci est mon sang] (2009)

Chinjeolhan geumjassi [Lady Vengeance] (2005)

Gongdong gyeongbi guyeok JSA [Joint Security Area] (2000)


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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 15:53

Catch1.jpg

1970, c'est le conflt au Vietnam qui bat son plein aux Etats-Unis, l'hostilité qui y croît et Hollywood qui projette ses visons de la guerre dans des films aussi différents que le classique Patton, la comédie loufoque et noire MASH, ou encore sa rivale Catch-22, qu'on a du mal à ne pas comparer. Une pleiade de vedettes, un réalisateur hors pair - Mike Nichols, à qui l'on doit déjà notamment The Graduate [Le lauréat] et Who's Afraid of Virginia Woolf? [Qui a peur de Virginia Woolf?] - et un ton radicalement différent qui s'attaque au désordre psychologique, à la folie indispensables au déséquilibre mental du combattant moderne.

Une petite île italienne pendant la seconde guerre mondiale, utilisée par les américains comme base pour une de ses escadrilles de bombardiers. Le capitaine Yossarian (Alan Arkin) quitte ses supérieurs après une conversation rendue inaudible par les moteurs des B-25 qui se préparent au décollage.

Un planton en uniforme le suit, sort un couteau et le poignarde avant de fuir, laissant le capitaine au sol.

Alors que les médecins s'affairent pour le sauver, celui-ci revoit, entre délire et souvenirs, les hommes et les évènements qui l'ont conduit sur cette table d'opération. Il y a le colonel Cathcart (Martin Balsam), pourri jusqu'à la moëlle, l'aumonier Tappman (Anthony Perkins), gentil mais impuissant, le lieutenant Milo Minderbinder (Jon Voight), à la tête d'un syndicat ultra-puissant qui transforme cette guerre en entreprise juteuse sans aucun respect pour la vie de ses participants. Ses camarades pilotes (joués entre autres par Art Garfunkel et Martin Sheen), dans l'attente d'un rapatriement. toujours repoussé, voguent entre crises de démence, missions inutiles et permissions qui leur permettent de relâcher la pression, souvent au détriment de la population italienne locale.Catch3.jpg

Le portrait tiré est sombre mais drôle, et critique vertement l'armée américaine, présentée comme le bras armé d'un capitalisme cupide, amoral et meurtrier. La World Company des Guignols de Canal + une vingtaine d'années plus tôt!

L'unique objectif de Yossarian est de s'échapper de cet enfer avec lequel il ne veut rien avoir à faire. Pour cela il tente de se faire passer pour fou, ce qui ne devrait pas être difficile au milieu de tant de déséquilibrés, voire de psychopathes, mais s'avère malheureusement impossible. En effet, les raisonnements militaires font échouer tout logique qui irait dans ce sens. C'est la signification du Catch-22, qu'on pourrait traduire par truc ou entourloupe-22, règle non écrite et variable équivalente au "supérieur a toujours raison" (au moins en résultat, son enchaînement logique étant plus compliqué à l'origine)

Là où MASH organise une cascade de rire baignant dans un optimisme paradoxal et potache qui installe une distanciation-écran entre le spectateur et la violence de la guerre, Catch-22 plonge ainsi sur  plusieurs épaisseurs et ajoute à la farce délirante une folie plus profonde, résultat de la dichotomie entre les valeurs capitalistes de la société américaine et les préceptes moraux justifiant son action.Catch5.jpg

Sur le terrain, les moteurs de cette folie sont la peur et la cupidité, et son résultat des sophismes psychologiquement destructeurs produits pour légitimer une obéissance aveugle, seul moyen de valider des actions personnelles en contradiction flagrante avec la morale universelle - on retrouve cette idée dans la double-pensée d'Orwell (dans 1984) par exemple.

A l'écran, le discours, beaucoup plus politique donc que celui porté par MASH, est porté par des images fortes nées des délires de Yossirian, où la parabole se mêle à la réalité et permet de faire passer le message.

Les paysages d'une Italie magnifique mais en ruines et livrée à ses nouveaux occupants, le bourdonnement incessant des bombardiers, la brutalité et le chaos généralisés concrétisent la descente aux enfers du pauvre capitaine.

catch4.jpg

L'humour reste présent mais se fait grimaçant, amer.

Plus difficile à ingérer que MASH, mais aussi plus radical et plus critique envers les fondements du "système" américain, on comprendra aisément que Catch-22 n'ait pas eu le même succès que son contemporain au box office.

N'hésitez pas néanmoins à le visionner, vous passerez un moment mémorable devant ce film devenu culte.

 

Note: 15/20

 

 


 
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